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Les fanzines

Le bouquiniste a lu

jeudi 12 février 2014 Le bouquiniste a lu N°39 Maud Tabachnik « Si tu meurs, elle reviendra »

Bon. Le pétrole en Mer du Nord OK ! Mais pas à visiter alors.

Voici un roman bien étrange à destination de la jeunesse où il est question de vengeance et de sacrifice. L’enquête par elle-même reste un prétexte à une histoire de vengeance et de sacrifice dont la logique m’a échappé. Une jeune femme est tuée dans un accident de voiture. Ses parents d’origine modeste ont tout sacrifié de leur vie pour la réussite -effective- de leur fille unique. L’enquête policière piétine et l’homicide s’étant produit sur une route fréquentée par des personnels travaillant sur des plateformes offshore de Mer du Nord, le père après une enquête sommaire décide par gros temps de se rendre sur la plus proche en hélicoptère pendant une tempête. Tout est étrange dans ce roman. L’enquête qui oriente le lecteur, mais pas les protagonistes, vers un coupable désigné qui n’en sera pas un, annexant au roman une « intrigue » secondaire sans intérêt. Le vrai coupable découvert miraculeusement qui se dénonce à l’agonie et se repent de son acte, accablé par les cauchemars et le mal-être que sa lâcheté (la fuite) lui provoque. Le sacrifice ultime au dépend de celle qui reste est le point d’orgue illogique d’un roman bizarrement construit et dont on ressort hébété, ce qui du reste était peut-être le but du brillant écrivain que sait être Maud Tabachnick.

 

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jeudi 16 juin 2013 Le bouquiniste a lu N°38 : Nécroporno De Robert Darvel chez Trash

Le roman Gore qui fait mouche !

La chronique présente, tout comme l’ouvrage décrit sont à réserver à des adultes consentants.

Cette  formule est indiquée sur les couvertures des romans Trash en dessous d’une tête de mort hommage aux premiers numéros de la collection Angoisse du Fleuve Noir.
 
Bon, je « n’aime pas » le Gore. Même si  j’apprécie que ce style de littérature existe, j’ai toujours eu une répulsion pour le genre, m’imaginant des écrivains sous pseudo extériorisant des pulsions malsaines.
Puis me plongeant à quelques reprises dans des extraits des petits ouvrages à l’honneur dans la boutique, je constatais bien vite que la lecture à en faire était le plus souvent à deux degrés et que le fond, à chercher sous la croute purulente, restait plutôt sain.
Quand des amis d’imaJn’ère se rassemblèrent pour créer la collection Trash, je leur faisais tout de suite part de mon soutien pour ce projet ambitieux tout en précisant qu’il ne fallait pas compter sur moi pour lire un seul de leurs ouvrages.
Et puis quelques jours avant imaJn’ère 2013 « c’est » sorti.
Trois !
Bien !
Et beau en plus !
Des couvertures éclatantes avec de splendides illustrations de Willy Favre pour Nécorporno et de Vitta van Der Vuulv pour Blood Fist et Pestilence.
Un matin de bonne heure, chassé de mon bureau par d’élégants ronflements à l’étage supérieur, je me trouvais désœuvré…  Puis je les aperçus dans la bibliothèque qui me clignaient du pédoncule oculaire.
J’avais déjà eu quelques retours oraux (ce n’est pas sale) : « Robert est vraiment allé très loin » « Il pousse Darvel » « Il est con ! », bref que des compliments qu’apprécieraient à sa juste valeur notre exterminateur de dindes (le volatile !).
Un œil sur la couverture où une jeune femme cambrée met en valeur son postérieur de belle taille, ne cachant son sexe que grâce à un X noir malheureusement placé.
Le jeune femme serait digne de Serpieri (à qui un hommage est rendu dans l’ouvrage) s’il il ne lui manquait pas des morceaux, ce qui explique sans doute qu’on lui voit très bien une belle partie de la colonne vertébrale, des cotes et quelques restes d’intestins. Le visage égrillard serait tout à fait avenant si outre quelques blessures  l’œil gauche ne pendait pas (lamentablement) sur la joue.
Cela n’a l’air en rien de déranger la belle dont regard et posture invitent à une levrette endiablée (y en a-t-il d’autres ?).
Ça commence bien…
Le roman s’ouvre (craintivement) sur un magnifique commentaire entomologique et ça démarre.
Très vite et très fort !
Une malédiction séculaire (C’est culaire très vite d’ailleurs). On nous présente rapidement un homme que ça gratte. Pas de gratouille, pas de chatouille, ça GRATTE et fort. Et monsieur Darvel entre dans le vif du sujet. Fort ! A un point que lecteur abasourdi s’esbaudit, puis sourit. La petite musique trash monte endiablée et le spectacle commence. Peau déchirée, vomissements, brulures, insectes et une pulsion sexuelle incontrôlable : c’est la victime zéro. Ce ne sera pas la dernière.
Le fléau envahit peu à peu la ville semant destructions, pourrissements et fornications avec une intensité jubilatoire. Le scénario principal est entrecoupé par le cheminement de Martine et Patrick, deux gentils quidams pas bien malins qui se rendent à Eternod voir le père de Patrick (la victime zéro). Les chapitres les concernant sont gentiment pornographiques Bon on appelle « un doigt dans le cul », un doigt dans le cul. C’est cru mais du coup on comprend très bien l’action. J’ai été pris d’une affection sincère pour Martine et sa chatte en feu. Pas de perversion dans les rapports mais pour ça nous sommes  servis  dans le reste du roman et ça permet de souffler un peu. En dehors de cette promenade champêtre et agitée, l’action qui se développe à Eternod met en place des personnages… typés, des lieux que nous connaissons tous (poissonnerie, centre nautique…) où l’action se déroule violente et gore. Les corps s’entassent. Les glaires, pus, chairs putréfiées, os protubérants et frénésie « sexuelle » se déchainent à un rythme effréné. Accidents, meurtres, char d’assaut. Les personnages se succèdent. Les sympathies du lecteur aussi. Pour les chie-dans-l’eau et leur patriarche par exemple. Eux vont tenter quelque-chose d’original ! La petite musique…
Robert Darvel, comme il sait si bien le faire, utilise l’adjectif qui fait sourire, la métaphore qui fait rire.
Bon une petite pour vous mettre en appétit, parlant du cadavre d’une femme jambes écartées : «… le clitoris boursouflé comme une noix de Saint-Jacques … rattachée à elle par des filaments jaunes comme ces photos sur les boites de pizzas congelées… »
Une bande de djeuns échangent leurs chroniques en haut du plongeoir avant l’arrivée du fléau dans un langage et une réalité qui font rire.
Ça pétille d’intelligence et de bons mots. On frise le San-Antonio au pays du gore.
Le roman de Robert est dégueulasse, c’est un fait. Et sans avoir à gratter très loin (…) le second degré saute au visage et permet de « digérer » l’ensemble sans difficultés (majeures). Les références au genre sont nombreuses, dont un hommage à Nécrorian, un à Serpieri –oui, on rencontre la jeune femme de la couverture- et de nombreux autres.
Bon quelques questions se posent :
Eternod ?
Pourquoi le nom d’un personnage féminin du dernier chapitre est-il si familier ?
Pourquoi une telle ouverture à une suite ?
Et quelques autres que je me réserve de vive voix.

Toujours est-il que je vais peut-être ressayer un autre Trash….

 

« Nécroporno» Robert Darvel « Trash»
Neuf 6 euros  
Intelligence : ****
Description : ****
Action : ****
Humour : ****
Amour : **
Violence : ****
Sexe : ****

jeudi 28 juin 2012 Le bouquiniste a lu N°37 Dernière nuit à Montréal d’Emily St. John Mandel.

Et bien voilà ! Je lis un roman qui se passe à Montréal et je n'ai plus trop envie d'y aller... Mais quel roman...
Je ne sais pas si je vous l’ai dit, mais Maman est morte. Un enfoiré de petit courant d’air de  première nuit d’été a soufflé la flammèche… Maman estimait que ses deux fils étaient des sortes de dieux vivants qui plein de commisération traversaient le monde, celui-ci étant à peine digne de les supporter. C’est surtout vrai pour mon petit frère : il est capable de regarder des pages et des pages de html en voyant la fille en robe rouge se balader*.
On devrait faire un « Perdre sa Maman pour les nuls ». Le mix « Crabe généralisé » et « Non, je refuse qu’on me soigne ! » ne laissait pourtant pas beaucoup de place pour les pronostics. C’est arrivé ou ça arrivera à tout le monde et il faut savoir deux choses : d’abord on ne peut pas se préparer « complètement » à la douleur d’un tel évènement et puis ce que personne ne vous dit explicitement, surement par peur d’être taxé d’égoïste, c’est que, plus que son chagrin, il faut « gérer » celui des gens qu’on aime et qui vous entourent, en sachant qu’il est le reflet de ce que vous éprouvez vous-même.
Je ne sais pas si je vous l’ai dit mais Maman était très belle (la plus belle des …) et avait un foutu caractère ! C’est simple elle aurait pu être bouquiniste !
« Bon, il est bien gentil» vous dites-vous une petite larme au coin de l’œil pour les émotifs ou un sourire crispé pour les nerveux  « mais c’est quand qu’il cause du bouquin ?»
Et bien justement, « c’est » arrivé alors que je lisais le bouquin d’Emily. Commençons par le début. Ceux qui lisent mes chroniques (c’est très bien !), savent que j’ai fait la connaissance de Benjamin Guérif il y a quelques mois grâce à Jilali Hamham et nous avons sympathisé**. Du coup lors de la sortie d’ « U-Chroniques » (l’excellent recueil de nouvelles du groupe imaJn’ère, en vente dans les meilleures librairies d’Angers – et sur notre site) je lui en ai envoyé un. Et de m’envoyer « Dernière nuit à Montréal » d’Emily St. John Mandel de manière spontanée en me disant qu’il croit beaucoup en cette jeune femme.
Du coup, je l’ai lu.
Et j’ai bien fait.
Le roman est sorti chez Rivages/Thriller mais il aurait aussi bien pu sortir chez NRF Gallimard, tant par la qualité narrative de l’ouvrage que par un style tout à fait original qui n’est pas sans rappeler les grandes pages de Boyd. Et j’aime beaucoup William Boyd. Une langueur contagieuse s’échappe de ce roman bien loin du standard polar du moment.
L’histoire raconte l’enlèvement d’une petite fille de 7 ans, Lillia par son père et leur errance sans fin au travers du continent Nord-Américain. Elle raconte aussi la poursuite des premiers par un détective privé engagé par la mère. Elle raconte aussi les destins collatéraux de la fille du détective et du dernier compagnon de Lillia. Emily nous conte le présent de ses protagonistes, enfeuillé dans les flashbacks en forme de road-movie de la fuite perpétuelle du père et de sa fille et son implication sur le comportement « erratique » du présent de Lillia. Une demi-douzaine de personnages qui chacun mériterait leur roman tant leur densité est complexe et leur destin bouleversé par ce fait-divers…
La richesse du tout, une fois le dépaysement absorbé, laisse dans la bouche une saveur de neige sale et glacée accompagné d’une lointaine note d’espoir. Merci Benjamin.
 
*  « Matrix » (bande d’ignares…)
** in « La tête en noir » n°156
 
« Dernière nuit à Montréal » Emily St. John Mandel « Rivages : Thriller »
Neuf 18.50 euros  
Intelligence : ****
Description : ****
Action : *
Humour : 0
Amour : ***
Violence : *
Sexe : 0

jeudi 5 juin 2012 Le bouquiniste a lu N°36 Les robots sont-ils vraiment nos amis ? Collectif

Des fois, on se demande… Je fais partie de ceux qui préfèrent garder dans leur holster la télécommande du Marche/Arrêt…
Je ne sais pas si je vous l’ai dit mais autant j’ai toujours nagé avec aisance dans le niveau de mathématiques dans lequel on me plongeait – avec une subtile attirance pour l’algèbre, autant la « physique » est resté une science hermétiquement close à mon peu d’appétit d’en savoir plus. Mon niveau en math me l’autorisant, je restai une sorte de dilettante peu curieux de pendules pesants, de potentiomètres et autres lentilles et prismes… La seule science de la physique dans laquelle je me suis amusé avec succès en prépa est la thermodynamique. MAIS c’est une science qui part d’un postulat faux – les gaz parfaits – et qui parle d’entropie ! (comme Elric le Nécromancien). Bref, tout ça pour dire que l’électronique n’est pas mon truc, elle non plus… Les robots étant naturellement un fin labyrinthe composé d’électronique, de mécanique, d’hydraulique, … et quand tout se passe bien de quelques armes lourdes, mon attirance pour les bêtes – amusantes lois d’Asimov mises à part – est proche du nul.
Quand mon bien-aimé trésorier d’imaJn’ère (l’inévitable Patrice Verry) m’annonça avec fierté et enthousiasme la parution d’une de ses nouvelles dans « Les robots sont-ils vraiment nos amis ? » anthologie paru aux éditions Voy’ell, je ne résistai pas à la tentation de m’en acheter un ! Et du coup, forcément, vous me connaissez je l’ai lu ! Et comme je suis extrêmement partageur, je vous le décortique !
Une couverture magnifiquement réussie (voir ci-dessous), ainsi que les illustrations intérieures qui agrémentent chaque nouvelle par Céline Simoni, tout juste citée sur le quatrième de couverture que c’en est un scandale !
L’anthologie est introduite sur un ton officiel et pédagogique par l’anthologiste Corinne Guitteaud. Chaque nouvelle est précédée d’une mini-biographie de l’auteur, un « Le saviez-vous ? » éducatif en diable et une des magnifiques illustrations de Céline.
Je ne vais pas détailler… Et bien si !Je vais vous « détailler » CHA-QUE nouvelle ! Je suis comme ça ! Certains chroniqueurs flemmards (dont je ne citerai pas le nom par.. euh… décence ? Non. Mépris ? Non plus, surement pas ! Mauvaise mémoire ? Oui !)
Bref…
« Zéro de conduite » d’Antoine Lencou : une gentille nouvelle sur l’inanité de la jeunesse du futur et le coté logique mais arrangeant de l’intelligence artificielle.
« D’un monde à l’autre » d’Anne Goudour : joli texte où un petit-fils et son grand père génétiquement excentriques lance dans leur machine à explorer les mondes parallèles une réflexion sur les progrès de la science et ses utilisations détournées.
« A.N.A.T.O.LE » d’Anne Rossi, une excellente nouvelle où l’on se rend compte que l’utilisation d’un robot pour la résolution d’un problème d’ordre conjugal n’est pas appropriée.
« Substitution » de notre Patrice Verry ôchapô, une vision ségrégationniste de l’univers mixte qui serait une bonne nouvelle, si elle ne devenait pas très bonne avec sa chute.
« Paranoïa aiguë » de Lydie Blaizot où l’on se rend compte que le sécuritaire à tout va, y compris à l’encontre des robots peut avoir des conséquences fâcheuses.
« L’origine des automates de combat » par Lilian Bezard nous donne une vision classique quoique joliment traitée des conséquences de légères anomalies cybernétiques.
« Jopy et son Vocan » de Gulzar Joby est une excellent nouvelle qui mêle robots et classe sociale avec une sensibilité quasi-poétique. C’est ma préférée avec « Substitution » (et c’est bien sûr complètement subjectif !)
« Engrenages » de Christian Fontan, une nouvelle intelligente sur la fonction terminale des IA.
« Le meilleur ami » de Nicolas Gramain, une nouvelle sombre qui démontre s’il le fallait que l’amitié peut tout dépasser, même un programme informatique.
« Celui qui ne savait pas dessiner les androïdes » de J. Flajolet-Toubas termine le recueil sur une jolie nouvelle sur art, beauté et cybernétique.
 
Disons le tout net il s’agit d’un très intéressant recueil de nouvelles, avec quelques belles idées et souvent un traitement élégant d’un sujet… bien froid ?
 
 
 
« Les robots sont-ils vraiment nos amis ? » Collectif « Voy’[el]
Neuf : 12 euros  
Intelligence : ***
Description : **
Action : **
Humour : *
Amour : *
Violence : *
Sexe : 0

jeudi 12 mai 2012 Le bouquiniste a lu N°35. ABCDAIRE DE L'ALPHABET de Alain Calonne

Dansons avec les lettres un menuet romantique (avec des rangers!)...

 

Je ne sais pas si je vous l’ai dit mais je tiens dans le centre-ville d'Angers une boutique qui vend (essentiellement) des livres d'occasion... Si ?
Comme dans tous commerces livresques qui se respectent, des gens bien-intentionnés (on met les autres dehors) entrent avec l'optique affichée de se livrer à l'acquisition quasi-certaine de livres qui leur plairaient pour un prix qui fait rire. Et d'ailleurs à ce sujet au lieu de perdre votre temps à errer sans but dans des surfaces commerciales impersonnelles où vous imaginez que vous allez faire des économies, venez d'abord errer chez nous parce que figurez-vous que j'ai vu un tee-shirt avec ce que je pensais être un dessin de profond (créature monstrueuse légendaire dans le monde de HP Lovecraft, mi-homme, mi-poisson – vous fréquenteriez un peu plus la boutique vous le sauriez!!) alors que c'était un portrait de Jean-Paul Sartre et j'ai besoin de 18 euros. Or, si j'ai bien compris mon expert-comptable hier, pour avoir 18 euros pour m'acheter mon tee-shirt, il faut que je fasse un chiffre d'affaire de... (je retiens tout..) 240 euros ! Vous savez ce qu'il vous reste à faire !
Mais je m'égare...
Ces gens bien-intentionnés (qui vont m'aider à faire l'acquisition de mon superbe tee-shirt) ont pour nom : clients. Certains sont plus aimables que d'autres (mais moi c'est pareil, ça dépend des jours, en plus le bouquiniste traîne une réputation de grognon... Ne me demandez pas pourquoi...), d'autres sont carrément adorables, les derniers enfin, me considèrent comme un dieu vivant au panthéon polymorphique (ce sont mes préférés!). Et puis il y a les « atypiques ». Je ne peux pas vous les décrire tous car ils sont nombreux et si la majorité sont adorables, certains sont des emmerdeurs caractérisés ! Un exemple d'emmerdeur caractérisé que tous les commerçants connaissent est surnommé affectueusement « la blatte». Genre le monsieur qui vous fais une théorie hyper développée et constructive sur le fait que le couple Hermione Granger / Harry Potter était le plus adapté au monde intrinsèque de l'école de Poudlard, ceci durant une bonne demi-heure...
Parmi les gentils, un monsieur d'une soixantaine d'années aux cheveux en bataille d'une blancheur immaculée. Erudit en diable, poète, semblant parfois perdu dans ce monde de brutes mais vindicatif, combattant et à l'acuité critique exceptionnelle et comme souvent avec ce genre d'homme, un cœur qui pourrait engloutir l'humanité (et peut-être quelques autres anthropoïdes ou assimilés).
Vous l'avez compris, je l'aime beaucoup. Il vient à la boutique depuis ses débuts sur Angers et scrute avec attention notre MAGNIFIQUE rayon littérature que c'est un scandale que vous ne l'ayez pas dévalisé. Comme tous les grands amoureux de littérature, il achète essentiellement des livres qu'il connaît pour les offrir aux gens qu'il aime (prenez-en de la graine... Oui, si je peux acheter deux tee-shirts ce ne sera pas de trop!).
Avant-hier, il rentre un livre neuf à la main et me demande si je peux lui prêter un stylo. D'un naturel aimable (et prêteur),je lui tends l'outil et il en profite pour écrire en page de garde du petit opuscule (sur un beau papier vergé crème avec des paillettes d'or avec cahiers cousus s'il vous plaît – bravo à l'éditeur : « L'une & l'autre ») le texte suivant : « Pour Jean-Hugues (c'est moi!) Qui sait qu'un livre d'occasion est toujours vierge pour les lecteurs qui aiment les mots, les visages et les occasions imprévues... » Sympa hein ?
Du coup je l'ai lu ! Pour être plus précis, je me suis promené dans un abécédaire poétique / exercice de style. Quelque-chose de lumineux entre Queneau et Pérec. De l'humour, de l'esprit, de la poésie... Il est rendu hommage à chaque lettre de l'alphabet avec virtuosité. Alain jongle avec le Petit Robert et nous donne avec humour une leçon de maintien sémantique. Tiens comme je vous aime beaucoup, je vous fais un petit extrait : « Chagrins et Chiasseux, les Cuistres avaient Camouflé leur Courage, mais maintenant que le Crieur Chutait et Cuvait sous les Chaises, ils Calculaient, Calfeutrés, Comment Casser toute Candidature de Carême qui Caresserait la Chimère de Catapulter leur Capital. »
Oui, c'est le début du C... Vous constaterez qui plus est, l'actualité de l'ouvrage.
Bon, c'est décidé. Lundi j'appelle l'éditeur (enfin dès que je sais comment) et j'en prends quelques-uns que vous ne restiez pas comme ça.
 
 
« ABCDAIRE de l'alphabet » Alain Calonne « L'une & L'autre »
Neuf 7,50 euros Occasion pas encore !
Intelligence : ****
Description : 0
Action : 0
Humour : ***
Amour : 0 (à voir...)
Violence : 0
Sexe : 0 (à voir aussi...)

jeudi 19 avril 2012 Le bouquiniste a lu N°34. Apokalypse de P.J. Lambert

On baigne décidément dans l'apocalyptique et dans le cas qui nous occupe aujourd'hui, c'est tant mieux !

 

Je ne sais pas si je vous l’ai dit mais j'aime bien ce que fait P.J. Lambert d'une manière générale. J'ai chroniqué par ailleurs son roman « La route d'émeraude » (« Le bouquiniste a lu N°30 ») avec lequel j'avais passé un bon moment. Je ne vous fais pas la bio, reportez-vous à l'article sus-nommé - non mais sans blague. Et je n'aime pas les sectes. D'ailleurs dans ma turbulente jeunesse (il y a bien, bien longtemps) avec quelques compagnons nous avions fait le coup de poing dans une triste affaire mettant en cause de bien « propres sur eux «  (oui mais dedans?) adeptes de la scientologie, ceci sous le regard très désintéressé de forces de l'ordre attentistes mais satisfaites de la tournure des événements. Le roman de P.J. reste un roman et c'est TANT MIEUX.
Etant exceptionnellement de bonne humeur, je vous fais le pitch sans spoiler. David Meyer est journaliste, un vrai (c'est un roman) qui recoupe ses informations et n'hésite pas à faire preuve de courage. Il officie surtout dans le criminel et n'étant pas un gamin connaît du monde dans les milieux policiers où il a une entrée royale grâce à son ami le commissaire François Simeoni. Le roman démarre par deux très beaux assassinats et une tentative ratée. Description claire réaliste et extrêmement désagréable pour le premier d'entre eux (il en est d'agréable?). Le point commun de ces meurtres est une société de génie génétique tentant de fabriquer des vaccins. Une société en voie d'effondrement qui se fait racheter à prix d'or (louche...). L'enquête piétine un peu dans le crottin de chèvre malgré l'acharnement de David (qui sera quand même récompensé par une brève aventure avec une jolie russe). Puis tout part à cent à l'heure. Les cadavres se ramassent à la pelle et se mêlent dans une macabre sarabande un mouvement sectaire, la police conventionnelle, le contre-espionnage, une famille russe et clubs SM « originaux »...
C'est glauque, bien glauque à souhait, et tellement réaliste que ça ferait frémir la victime qui se terre en chacun de nous. Comme le fait si bien PJ Lambert, son roman se lit d'une traite et malgré la technicité de la manipulation génétique, les outils de compréhension rapide et claire sont là. Comme à son habitude, la narration est fluide pour une trame scénaristique bien charpentée. Je suis TRES curieux de savoir où notre auteur a trouvé ses références sur les milieux interlopes du sexe (???) et sur les mouvements sectaires apocalyptiques. Si Cerbère est un ami à lui ? Et si il a un problème avec les prostituées septuagénaires en rédemption ? Vous l'avez compris j'ai passé un très bon moment avec cet « Apokalypse » (mon clavier se refuse à faire des K à l'envers) et je préfère ne pas savoir de quoi j'ai rêvé à la fermeture du livre.
« Apokalypse » PJ Lambert « Edition de Midi »
Neuf 19 euros Occasion 10 euros
Intelligence : ***
Description : **
Action : ***
Humour : *
Amour : *
Violence : ***
Sexe : *

jeudi 11 avril 2012 Le bouquiniste a lu N°33. Les étoiles s’en balancent de Laurent Whale

Il y a eu Dick, Simak, Robert Merle, et puis Ligny, Houssin, Brussolo, Gilles Thomas, Verlanger et puis maintenant Nathalie Legendre, Thomas Geha et…. Laurent Whale : les maîtres du post-apo de bon goût !
Je ne sais pas si je vous l’ai dit mais j’aime BEAU-COUP Rivière Blanche (et Philippe Ward). Bon, bin si, ça je vous l’ai dit ! Et j’aime BEAU-COUP Crtic aussi (et les compères éditeurs…) ça je ne vous l’ai dit qu’une ou deux fois ! Quand Critic décide de rééditer un roman paru à Rivière Blanche dans une nouvelle collection nommée « Trésors de la Rivière Blanche », forcément ça interpelle le bonhomme. Heureux possesseur des deux éditions, mon cœur cessa de balancer quand je me rendis compte que la seconde édition avait été remaniée par l’auteur.
Rentrant de vacances dédiées au foie gras et aux vins de pays (le Sud-ouest / Bordeaux), je fis sauter de la pile quelques facétieux livres-parasites et m’emparais du gros volume blanc à la si délicieuse couverture : un arc de triomphe partiellement détruit, en arrière-plan un avion dégageant une colonne de fumée inquiétante, et quelques jeunes hommes lourdement équipés et armés, d’inquiétantes lumières rouges frontales.
La société s’est effondrée, le capitalisme flamboyant a effectivement flambé, arrivant à ses tristes limites. Les en-têtes de chapitres nous donnent des informations sur le crescendo aboutissant à un incident nucléaire logique. Majeur. Non, encore plus que ceux nos amis russes et japonais. Le réflexe humain abâtardi par des siècles de domination et d’illogisme revient à morceler à l’extrême l’idiot réflexe de nations. Morcelées à l’extrême puisque chaque ville est indépendante. Des systèmes de type féodal s’instaurent avec les « citoyens » cloitrés dans des cités fortifiés, et les « hors-murs » qui refusent l’état d’esclavage implicite ou sont refusés par lui. Forcément ce n’est pas simple.
Tom Costa est un jeune homme débrouillard éduqué par son « père adoptif » : Armand, un crypto-post-hippie ingénieux qui a mis au point des jardins potagers et des sources d’énergie alternatives. Tom pilote un ULM qui lui permet de survoler le danger des hors-murs afin de faire du troc avec des villes plus éloignées et y voir son amoureuse par la même occasion.  Tom se crashe et est convoqué par le boss de Pontault-Combault Rinaldo, son fils le prototype du sale K… et son conseiller Nemo qui lui proposent un nouvel appareil volant !
La situation ne doit pas aller en s’améliorant. Des rumeurs circulent sur un fléau venu du nord. Bonjour la tronche du fléau !
Une invasion implacable, irrésistible que Tom Costa et ses amis sont les seuls qui ont  une chance de résister. Bien faible…
Heureusement Tom est bien entouré ! Le (très) jeune Miki, apprenti mécano et second fils adoptif d’Armand, Cheyenne un Hors-Mur du 9-3 typique (mon personnage préféré) et quelques autres bras-cassés du même acabit.
Autant dire que rien n’est gagné.
L’immersion dans la trame scénaristique est directe et rapide et il fait froid dans le monde de Laurent Whale ! Climatiquement s’entend. Les personnages sont chaleureux et d’une humanité exacerbée par leurs situations. Les rebondissements sont incessants et on garde un goût amer de certaines images que l’on aurait souhaité enterrées. Le Laurent Whale, c’est un conteur, je vous le dis. Un bon en plus. Ni vu, ni connu, je t’embrouille dans des nœuds gordiens et l’Alexandre est barré dans un trou de souris devant l’ampleur de la tâche. C’est bien fait, efficace et rares sont les moments de repos salvateur.
Je viens de mettre « Les pilleurs d’âmes » paru aux EX-CEL-LEN-TES éditions Ad Astra sur ma pile. C’est un signe…
 
 
 
 
« Les étoiles s’en balancent » Laurent Whale  « Critic »
Neuf 23,50 euros  Occasion introuvable pour l’instant (donc 20 euros)
Intelligence : ***
Description : ***
Action : ***
Humour : *
Amour : *
Violence : **
Sexe : 0

jeudi 9 avril 2012 Le bouquiniste a lu N°32. Solip City de Jérome V

Se réveiller à Manhattan en début de matinée et ne pas entendre le moindre bruit, c’est louche…
 Je ne sais pas si je vous l’ai dit mais je suis un immense fan de jeux de rôles sur table. A tel point qu’ayant la chance d’être scénariste « pro » dans l’âge d’or, j’ai même gagné (un peu) d’argent avec mes écrits. Et puis, tellement fan, j’ai avec quelques amis monté Phénomène J Paris (non, on ne rouvre pas !), une des boutiques incontournable des rôlistes parisiens et la plus grosse boutique de jeux d’occasion français, ce qui m’a permis de perdre (beaucoup) d’argent. Bon, ceci dit on a bien rigolé ! C’est à Phénomène J Paris que j’ai fait la connaissance de Jérome V. Grand roux dégingandé accompagné de sa sculpturale compagne joueuse elle aussi, et dans le milieu du jeu de rôles à cette époque le genre était sous-représenté !  Ceci dit à Phéno, il ne fallait pas se plaindre. Nos tables étaient très souvent mixtes et on reconnaissait facilement les persos des filles dans les aventures jouées à la boutique. C’étaient les plus violents et le moins diplomates (je parodie à peine). Bref, étant un homme de goût, Jérôme V. devint rapidement un aficionado de la boutique et à ce titre fréquenta les grands noms du jeu de rôles français et… ceux qui allaient le devenir ! Après avoir collaboré à plusieurs réalisations dans le monde du jeu, Jérôme se lança en solitaire en sortant l’année dernière dans la collection « Clé en main » de chez « Les XII singes » le stupéfiant « 2012 » scénario complet donnant à nos sens éblouis une explication « rationnelle » à la fin du monde (voir la chronique in « La tête en l’ère » N°12), et la faible possibilité pour les aventuriers de déjouer l’inéluctable.
La collection « Clé en main » donne pour une trentaine d’euros la possibilité de jouer en une demi-douzaine de soirées une aventure complète. Sont fournis règles scénarios, personnages et tous les suppléments nécessaires à la réalisation de l’histoire (cartes, fac-similés, photos, etc…).
Il est extrêmement complexe de décrire cette aventure sans en révéler les clés. Ça tombe bien j’aime bien les défis ! Chaque aventurier se réveille dans son logement à Manhattan. L’île New-yorkaise semble vidée de ses habitants. Semble… Car il en reste quelques-uns. Cette aventure n’est pas destinée à un meneur de jeu débutant. Ou alors à un grand fan de Philip K. Dick particulièrement retors (il y en d’autres ?) Car le dédale est délicieusement tortueux, demandant astuce, intelligence et rapidité aux aventuriers. Il faudra visiter New-York et ses quartiers phares : Harlem, Central Park, Chinatown, la grande dame, l’Empire-State Building… Les surprises (parfois bien mauvaises) sont nombreuses. Les taxis-jaunes, les animaux, et bien d’autres facteurs habituellement bien anodins se révèlent des expressions sociétales bien plus importantes qu’à l’habitude. Le système de jeu est simple et efficace. Le dépaysement est total. Profitez en bien !
 
« Solipcity » Jérôme V.  « Les XII singes »
Neuf 29.80 euros  Occasion introuvable pour l’instant (donc 25 euros)
Intelligence : ****
Description : **
Action : ***
Humour : *
Amour : *
Violence : **
Sexe : 0

jeudi 8 août 2011 Le bouquiniste a lu N°31 : Les délicatesses de « L’indélicatesse du cosmos » d’Eric Lequien Esposti (ELE) chez Rivière Blanche.

Après le cyber-punk, le steam-punk un nouveau genre de science-fiction est né : le geek-punk ! Merci Eric
Je ne sais pas si je vous l’ai dit mais j’aime beaucoup les éditions « Rivière Blanche ». Ce n’est pas une maison d’édition, c’est une croisade ayant pour seul moteur la passion qui anime ses créateurs : Philippe Ward et Jean-Marc Lofficier. Ne pas avoir pour seul moteur le profit permet de réaliser des choix éditoriaux qui dépassent les cadres habituels. A ce titre, nous avons été particulièrement gâtés depuis leur création. Je vous le fais en vrac : remettre au boulot « la vieille garde » de la défunte collection « Anticipation » du Fleuve Noir, rééditer compilées les aventures de « Wampus » ou d’introuvables Jean de la Hire, ressortir toutes les aventures de « Madame Atomos », les nouvelles fantastiques de Kurt Steiner mais aussi « lancer » de nouveaux auteurs soutenus par leurs pairs plus expérimentés… David S. Khara, c’est eux, et les Thomas Geha, Laurent Whale et plein d’autres…
Bon, ce n’est pas tout ça, mais je m’égare encore. Allez donc voir http://www.riviereblanche.com/ et vous saurez tout !
« L’indélicatesse du cosmos » est un roman de science-fiction dont la construction répond aux standards des romans d’anticipation de la collection défunte du même nom. Des premiers même ! Je vous fais le pitch (pas d’angoisse, pas de spoilers !)
Un vaisseau spatial quitte la Terre (dans un futur lointain) et grâce à un système de propulsion prototype part à la recherche d’une rencontre du troisième type. Qui a lieu ! Après quelques désastreuses incompréhensions et considérant que l’humanité n’est pas prête le vaisseau et ses occupants vont être mis dans une quarantaine où l’humanité va peut-être découvrir le … bonheur.
Oui, je suis d’accord avec vous… Aucun intérêt !
MAIS…
Ce n’est pas tant l’histoire le vecteur d’intérêt du roman que son traitement. Eric est une sorte de génie de la « geek-attitude ». L’univers dans lequel est décrit son histoire est aux confins technologiques. Nous n’en sommes plus à la nano technologie (puissance -9) mais pico (-12), la physique relativiste est dépassée (dans ses applications même), la sociologie a, elle aussi, évolué dans la direction qu’elle prend aujourd’hui, et la société vit dans une sorte d’atmosphère de télé-réalité  sadique où pour échapper  à l’ennui tout est bon. « Est-ce que l’on pourra dépecer Papa vivant pour Noël ? ». Je ne vous cache pas que j’ai été dérouté lors des premières pages de lecture par la somme d’informations qu’ELE est capable de fournir en quelques lignes. Mais très vite l’immersion se fait. ET c’est avec fascination que l’on assiste à l’épopée de ces humains qui malgré tous leurs défauts gardent quelque chose de pathétique.
Les rencontres avec les ET sont de grands moments de joie car je ne vous l’ai pas encore dis mais le roman d’ELE a pour principal moteur l’humour.
Cette vision parodique du futur a beaucoup de finesse malgré quelques blagues de potaches que les amateurs apprécieront. Les allusions au monde de la science-fiction et actuel sont légions (et je suis bien sûr d’en avoir raté quelques unes). Il est manifeste qu’Eric est un homme cultivé et cela rend sa lecture très agréable.
De la science-fiction spirituelle et humoristico-prospective n’est pas à la portée de tous les auteurs. L’exercice est réussi par ELE avec maestria.
 
 
 
« L’indélicatesse du cosmos » Eric Lequien Esposti
Neuf 17 euros  
Intelligence : ***
Description : **
Action : **
Humour : ***
Amour : *
Violence : ***
Sexe : **

jeudi 6 mars 2011 Le bouquiniste a lu 30. "La route d'émeraude" de P.J. Lambert

Il est vrai que la quête du Graal sentait un peu la poussière, heureusement Patrick J. Lambert nous ouvre la voie de la route d’émeraude. Et c’est du lourd !
Je ne sais pas si je vous l’ai dit mais j’ai résidé sept ans à Montpellier à la poursuite d’études d’œnologie, autant dire au milieu du plus beau groupe d’hédonistes que je n’ai jamais rencontré. J’en ai profité en plus d’ (un peu) étudier pour (beaucoup) jouer aux jeux de rôles et rédiger quelques uns de mes scénarios les plus originaux. Bon, mais je vous raconterai ça une autre fois. Juste pour dire que Montpellier est une muse généreuse et que celle-ci fréquente aussi P.J Lambert de manière assidue. Vous n’avez pas lu P.J. (initiales prédestinées ?) ? Honte sur vous. Je ne saurais trop vous recommander la lecture de « Les murmures du tombeau » qui m’a fait passer une très bonne (longue) nuit.
Pouf, pouf ! La route d’émeraude. Nous retrouvons Maxime Langelot et sa compagne Delphine (avec quelques passages chaudounets qui humanisent nos héros) empêtrés dans une affaire ébouriffante où l’immortalité, l’alchimie et la franc-maçonnerie sont le substrat. Maxime est antiquaire mais pas que… Son père et lui disposent de ressources alternatives leur permettant de peser sur des collections privées ne leur appartenant pas. Oui, je sais c’est mal. Delphine est une ancienne flic défroquée suite à une déception bien légitime. Et Roland le papa est un ancien de la légion avec un carnet d’adresses bien rempli. Tout commence bien puisque nous assistons au décès de Jacques Cœur après une séance de torture qui l’a laissé de marbre. S’ensuit une alternance de chapitres un peu déroutante mais qui sert à mettre en place un scénario particulièrement haletant et original. Car on ne s’ennuie pas coincés entre les trois factions qui s’affrontent et s’entraident tour à tour. Le manichéisme à deux balles n’est pas de mise. Les scènes d’actions se suivent sans temps morts et l’intrigue se déroule sans à-coups jusqu’à la révélation finale ! Oui, mais c’est quoi cette intrigue ? Hubert Delpont se porte beaucoup moins bien depuis qu’on lui a enlevé l’ensemble de ses viscères. Quelques instants avant un rendez-vous avec Maxime Langelot. Et contrairement à ce que lui conseille Delphine, il décide de comprendre ce qui s’est passé. Bien mal lui en prend. Il se retrouve coincé entre deux super-women aux buts fallacieux et une organisation paramilitaire d’élite sans compter que la Police souhaiterait lui poser quelques questions… Bien content d’avoir son papa le Maxime. Un style fluide, un langage clair Patrick nous embarque dans son navire de manière limpide même lorsque la mer de son scénario s’agite en tempête. Ne vous inquiétez pas des premiers chapitres et partez en confiance sur « la route d’émeraude »
 
« La route d’émeraude » P.J. Lambert  « First »
Neuf 19.90 euros  Sortie le 10 Mars
Intelligence : ***
Description : **
Action : ***
Humour : *
Amour : *
Violence : ***
Sexe : *

jeudi 23 février 2011 Le bouquiniste a lu N°29 L’empire du Baphomet de Pierre Barbet

On a beau dire, les croisades avec l’aide d’un alien et de grenades atomiques, c’est quand même plus fun…
Je ne sais pas si je vous l’ai dit mais j’ai une sorte de tendresse nostalgique pour la collection « Anticipation » du Fleuve Noir. Bon, il faut dire que la fine fleur de la SFR française y est passée à un moment ou un autre (y compris Serge Brussolo à qui je voue une admiration sans bornes ! Si vous savez comment le contacter, dites moi !).
Les écrivains du Fleuve Noir était liée à leur maison d’édition par ce qui devaient être des contrats incroyables genre 6 romans par an dans au moins deux genres différents, pas plus de 200 000 signes, payé au prix de la pige. Bon en fait je n’en sais rien hein ? Je rigôle ! Quand je vois des auteurs comme G.J. Arnaud, c’est époustouflant. Il a écrit dans tous les genres : polar, SF, Fantasy, espionnage, érotique, gore, aventures et j’en oublie surement. Le mieux est que la qualité moyenne des ouvrages est tout à fait respectable.
Bon, Pierre Barbet. Il fait un peu tâche dans la bande car il positive, ce qui reste une exception dans le milieu SF français. Sous ses différents pseudos, il a du écrire une bonne centaine de romans.
L’empire de Baphomet est une uchronie. En 1118 Hugues de Payns en train de chasser pour se nourrir dans son famélique domaine près de Troyes, voit s’écraser dans le marais voisin un objet spatial d’où sort un alien cornu qui lui dit se nommer Baphomet et lui promet un grand avenir. Et pour l’aider lui ouvre un crédit en or illimité  en contrepartie d’une petite mission… Les templiers sont nés ! Un siècle plus tard, templiers et hospitaliers vont à l’assaut de Saint Jean d’Acre, avant de partir à l’assaut de Kublaï Kan à l’aide de grenades atomiques. Mais que recherche Baphomet.
On s’amuse dans ce petit roman réédité chez J’ai Lu (illustré par Philippe Caza) avec un fond de réflexion sur l’alchimie, le Baphomet « raison » de la fin des templiers (les vrais) et les relations entre les différents ordres de l’époque. On regrette de ne pas avoir laissé à l’écrivain le temps et la place de développer son idée, car on sent que la porte était ouverte…
 
« L’empire du Baphomet » Pierre Barbet  « Fleuve noir – Anticipation / J’ai Lu »
Neuf 6 euros  (2/3 euros chez tout bon bouquiniste ! )
Intelligence : ***
Description : **
Action : ***
Humour : *
Amour : 0
Violence : **
Sexe :

jeudi 21 février 2011 Le bouquiniste a lu N°28 « Légende » de David Gemmell

Bon, après ma chronique sur « La tête en l’ère » concernant « Druss La légende » de David Gemmell, de jeunes fans de l’auteur m’avaient demandé d’insister un peu et de lire au moins « La légende » qui conte les derniers exploits de Druss… Bon, je l’ai fait !
Je ne sais pas si je vous l’ai dit mais je suis un garçon extrêmement gentil. Dans le fond je veux dire. Mais ancien vétéran rôliste que je suis, il ne faut pas me la faire trop longtemps. Par exemple et au hasard « Le seigneur des anneaux ». Je résume, Gandalf doit trouver un moyen de balancer l’anneau qu’il ne peut pas toucher dans le volcan capable de le détruire… Bon vous connaissez l’histoire, il monte une confrérie et traverse toutes les terres du milieu avec des centaines d’aventures toutes plus rocambolesques les unes que les autres… Parfait ! Expliquez-moi pourquoi Gandalf ne convoque pas deux, trois aigles géants avec lesquels il est super pote. Mets Frodon sur l’un d’entre eux avec l’anneau qui n’a pas encore eu le temps de le prendre sous son emprise, monte sur un autre, histoire de l’escorter et le guider. Se rend au dessus du volcan où Frodon balance l’anneau : fin de l’histoire. Les troupes de Sauron sont au sol y compris les Nazguls qui au début de l’épopée ont des pauvres chevaux tout juste capables d’avoir des yeux rouges brillants. C’est vrai que la version Tolkien a un petit coté épique supplémentaire charmant. Bon, « Légende » c’est la même en pire. Une horde Nadir, genre mongols envahit le territoire Drenaï, genre nous… Les Nadir sont commandés par un type hyper intelligent Ulric (non, il n’est pas nécromancien…), à la tête d’une armée de 500 000 vétérans. En face une cité aux six murs protège les Drenaï. Bon, pas de chance seuls 10 000 hommes en gardent les murs dont la majorité est composé de paysans non entrainés. Inutile de dire que ce n’est pas gagné et d’ailleurs personne ne doute de l’issue de la bataille. La ville est tenue par un vieux comte malade qui n’aura pas de renforts et qui va mourir avant le combat. Il a envoyé sa fille chercher une trentaine de guerriers de la mort, genre psioniques surentrainés, hyper tacticien-stratèges. Et Druss se dirige vers la ville, et chargé de sa légende rallie les déserteurs qui se sauvent dans tous les sens (après en avoir haché un ou deux…).
Ulric a des espions partout. Mais il ne fait rien (peut-être moins intelligent que tout le monde veut bien le dire) Personnellement à sa place, j’aurai envoyé deux/trois cent soldats de mon élite pour intercepter les psioniques et deux cent archers –car il faut se méfier de Druss au corps à corps, je pense que dans le bouquin il doit tuer un millier d’ennemis…- avec le poison qu’utilisera traitreusement le tombeur de la légende au bout de leurs flèches. Ces deux groupes éliminés, le reste deviendra une formalité car vous vous en doutez, le comte et la fille du comte éliminé, les stratèges disparus et le héros emblématique mort, la ville ne fait plus un pli.
Bon Ulric ne pense pas à tout et c’est tant mieux car du coup nous allons assister à une résistance acharnée des Drenaï qui malgré le courage et le coté chair-à-canon Nadir vont leur tenir tête jusqu’au bout, revenant même des morts, ressuscitant, se battant des dizaines d’heures jour après jour.
Je vais être honnête « Légende » est infiniment supérieur à « Druss la légende », le héros principal n’est pas un sombre benêt et ses compagnons ont une texture autre que les parodies qui nous avaient été infligées dans le préquel. Les ficelles restent grosses et la fin est complètement tirée par les cheveux mais malgré tout on passe un très bon moment dans cet ouvrage de littérature populaire. Il est à mon avis inutile de défendre Gemmell comme un maître de la fantasy. Par contre il est l’auteur de romans d’aventures tout à fait digestes et agréables et doit-on demander autre chose à un écrivain ? Tout le monde ne peut pas être Moorcock. Si vous voulez savoir comment une ville résiste à des ennemis 50 fois supérieur en nombre avec courage et intelligence, ce roman est fait pour vous !
 
« Légende » David Gemmell « Milady »
Neuf 7 euros  (3/4 euros chez tout bon bouquiniste ! )
Intelligence : ***
Description : ***
Action : ***
Humour : 0
Amour : 0
Violence : ***
Sexe : 0

jeudi 20 février 2011 Le bouquiniste a lu N°27 Aventures d’Arthur Gordon Pym d’Edgar Poe

Oui, je sais, comme nouveauté, y a à redire… Mais c’est de la faute à Cthulhu ! Enfin je veux dire…
Je ne sais pas si je vous l’ai dit mais j’ai fait l’acquisition auprès de l’excellente boutique de jeux de rôles « Sortilèges » à Angers (c’est rue de la Roe, une boutique tenue par la charmante Lucie-Marie où ils ont décidé de faire dans le compétent ! D’ailleurs n’hésitez pas à faire un tour à la boutique d’à coté : Azu Manga tenue de main de maître par Romain… Bon Ok, j’arrête le copinage…). J’ai donc fait l’acquisition d’une campagne pour le jeu de rôle « L’appel de Cthulhu » : « Par delà les montagnes hallucinées ». Je n’ai lu de ce pavé de 670 pages en A4 que l’introduction où les auteurs spécifiaient qu’il serait de bon ton de lire « Les montagnes hallucinées » de HP Lovecraft ce qui me paraissait naturel ET « Aventures d’Arthur Gordon Pym » de Poe ! Et pourquoi donc ? Qui plus est le conseil est accompagné d’un avertissement genre : le manuscrit d’Arthur Gordon Pym est incomplet, les derniers feuillets ayant été écartés à souhait. Vous pensez bien que j’avais déjà lu Arthur Gordon Pym, mais c’était il y a 35 ans… Je repoussais habilement le Gemmel que je m’étais astreint à lire et récupérais un livre de poche imprimé en 1969 avec une couverture ou David S. Khara tenait la barre d’une barque s’emplissant avec opiniâtreté d’eau.
Je ne vous cacherai pas que j’avais une forme d’appréhension à me replonger dans ce texte. Il ne m’avait pas laissé un souvenir mémorable mais on ne lit pas de la même manière à 15 ans qu’à 50 (je vous reparlerais peut-être de mes différentes expériences de Proust).
Et là, la claque ! La traduction de l’ouvrage a été effectuée par Charles Baudelaire, ça aide pour le style… Mais l’histoire…
Deux ados, bon, jeunes adultes font des bêtises avec une barque et là ce serait un peu longuet à la crise d’angoisse près… Puis Arthur décide de monter comme passager clandestin dans un navire affrété par le père de son pote qui sera présent lui aussi sur le vaisseau. Et là tout part en vrille. Nous croyions que nous étions partis pour une gentille aventure maritime et nous voilà parti pour un cauchemar. Un vrai cauchemar maritime : mutinerie, massacre, tempête, famine, anthropophagie, vaisseau fantôme, gangrène, tout y est ! Et puis, un dernier quart de roman tout à fait étonnant dans une île habitée par d’étranges indigènes aux mœurs… « particulières » et une révélation stupéfiante sous la forme d’un réseau de grottes qui est un langage. A destination de quelque chose dans le ciel… Pourquoi ? Une incantation : Tekeli-li, Tekeli-li… Et une fin brutale en quelques pages qui ne révèlent rien de plus.
Certaines nouvelles de Lovecraft laissent une sorte d’atmosphère pesante, Lumley est un grand spécialiste du genre lui aussi. Mais là dans le style, c’est un fleuron à ne pas rater.
Je suis comme les auteurs de « Par delà les montagnes hallucinées », je suis certain que le manuscrit des « Aventures d’Arthur Gordon Pym » est incomplet. Mieux si certains d’entre vous ont une piste pour retrouver les feuillets manquants, qu’il la garde !
 
 
« Aventures d’Arthur Gordon Pym » Edgar Allan Poe « Livre de Poche »
Neuf 6 euros  (2/3 euros chez tout bon bouquiniste ! )
Intelligence : ****
Description : ****
Action : ****
Humour : 0
Amour : 0
Violence : ***
Sexe : 0

jeudi 6 janvier 2011 Le bouquiniste a lu N° 26 « Les portes » de John Connolly

Des démons en train de découvrir les effets de la bière dans un bouge avec les poivrots du coin, une porte qui s'ouvre vers l'enfer et le héros sur son petit vélo à fanion... On n'est pas près de s'en sortir, je vous le dis.
Je ne sais pas si je vous l’ai dit, mais j’aime beaucoup les démons… Enfin les histoires de démons je veux dire ! Mon passé de donjonneur ça… Connolly et les démons, je n’ai pas résisté à la tentation et j’ai bien fait !
 
Le problème des scientifiques du CERN est qu’il ferait mieux de se concentrer sur leur accélérateur de particules plutôt que de se distraire bêtement… Et d’ailleurs, il se passe quelque chose d’impossible : une particule s’est sauvée…
Coincidence ? Au même moment une table spirite bourgeoise ouvre accidentellement une porte. Avec l’enfer. Et les quatre quidams de se retrouver possédés par des démons préparant l’arrivée du Mal Suprême. Madame Abernathy qui faisait partie des spirites se trouve le réceptacle de Ba’Al qui se trouve un peu à l’étroit.
Heureusement témoins de cette arrivée en fanfare, Samuel et ses copains… Un peu juste au niveau de la crédibilité quand on a 8 ans…
Mais c’est sans compter la débrouillardise de nos petites têtes blondes.
Le fait que tout cela se passe durant Halloween entraîne une série de quiproquo tous plus drôles les uns que les autres. Les démons envahissent la Terre certes, mais l’avant-garde n’est pas celle au QI le plus élevé et l’humanité est un mystère pour eux.
Un allié impromptu Nouillh, démon déclassé friand des bonbons terriens accompagnant Samuel et sa fine équipe, arriveront-ils à stopper l’invasion de la masse hurlante, griffue, et vociférante.
Un grand moment de plaisir avec ce livre d’érudit (sciences et démonologie sont ruine de l’âme ?) talentueusement bourré d’humour qui aurait pu partir en vrille facilement mais qui garde une cohérence dans le délire jusqu’à sa fin d’une rare intelligence.
 
« Les portes » John Connolly « L’Archipel »
Neuf 18.50 euros  (5/6 euros chez tout bon bouquiniste !)
Intelligence : ***
Description : **
Action : ***
Humour : ***
Amour : 0
Violence : *
Sexe : 0

jeudi 16 décembre 2010 Le bouquiniste a lu N°25 "Elvis sur Seine" de Stéphane Michaka

Et revoilà Mona Cabriole sur son joli scooter r..ouge !
J’imagine la scène : dans les locaux de « La Tengo Editions », une vingtaine d’auteurs rassemblés nerveusement autour des  boss de la collection…
–        Bon les gars : qui veut quoi ?
Tout le monde se précipite sur son arrondissement préféré, les combats font rage, des médiateurs s’interposent, puis le calme revient doucement…
–        Bin ? Il reste un arrondissement ! Le 7ème ! Tout le monde a le sien ?
Une rumeur de « oui »…
La porte s’ouvre lentement, avec un grincement sinistre… Deux gros sacs plastique odorant, et derrière Stéphane Michaka
–        Ah les gars y avait une de ces queues au Kébab ! Qui a pris « sauce blanche/Harissa » ?
 
Pauvre Stéphane… Le 7ème arrondissement… Le cauchemar… Une sorte de triangulation maladroite donnerait : « Rêve phallique de Monsieur Eiffel, Boules dorées des Invalides et Gare d’Orléans (Le musée d’Orsay) ». Le tout peuplé de momies botoxées, où personne ne rit ni ne sourit de peur de péter un bout de peau trop visible…  Je parodie ? Allez-y, le jour où vous essaierez de grimper la vieille dame Eiffel, faites un tour. Une fois enlevé les « quelques » touristes et les vendeurs à la sauvette, regardez ce qu’il reste… Admirez les toits avec les penthouses, les petits jardins… C’est simple, les snipers sont interdits d’accès à La Tour, c’est un signe !
 
Nous avions laissé Mona Cabriole terrassée par ses aventures où les précédents auteurs lui avaient mené la vie dure… Le poulpe n’aurait pas tenu quatre Opus avec des cocos pareils ! Heureusement Stéphane Michaka passe par là et la lance dans une intrigue à la tenue aussi variée que la Playlist du roman. Un asiatique se fait occire sur le mur de la paix (bravo !) et son corps disparait manifestement subtilisé par… les forces de l’ordre semblerait-il… Mona Cabriole pilote son bolide rouge (repeint pour l’occasion) et avec l’aide de son livreur de pizza préféré enquête dans l’ambiance feutrée des hôtels particuliers du coin. Un faux/vrai sosie de star du rock, une statuette maudite, un danger nucléaire et Mona Cabriole devient « Tintin au pays des momies botoxées », des 4X4, des parfums ambrés et des pigeons, des agents secrets, des pigeons (les autres…), des poursuites, des chutes fatales. Bref, un virage salutaire pour notre Mona retrouvée et maîtresse de son destin… Merci Stéphane !
 
Mona Cabriole «Elvis sur Seine » Stéphane Michaka « La tengo Editions »
Neuf 9.95 euros  (4/5 euros chez tout bon bouquiniste ! )
Intelligence : ***
Description : **
Action : **
Humour : **
Amour : *
Violence : **
Sexe : 0

jeudi 16 décembre 2010 Le bouquiniste a lu N°24 Empereurs des ténèbres d'Ignacio del Valle

On a beau dire ce que l'on veut, mais les espagnols quand ils se lancent dans le polar, c'est "autre chose". Vous avez lu "Le club Dumas" de Reverte ?
Je ne sais pas si je vous l’ai dit mais d’habitude je « choisis » mes livres tout seul parmi ceux que je reçois d’auteurs et d’éditeurs qui souhaitent avoir mon avis (et qui le regrettent parfois…) ou je pioche sereinement dans mon fond… Là… Mais il faut que je vous raconte. « J’ai » un couple de clients tout à fait charmant. Elle, petite blonde à cheveux courts, nerveuse, riante, cultivée, érudite… Bref très sympa. Et lui un géant « nordique » poli et un peu « ours », jusqu’à ce que je comprenne que faire plus de deux mètres pour un quintal n’empêchait pas la timidité ! Comme moi quoi ! A part les deux mètres je veux dire… Bref. Il y a quelques jours, le géant sympathique me demande « Vous avez lu ça ? » en me montrant le « Del Valle » et de me le coller d’autorité dans les mains. Et tant mieux !
Nous sommes sur le front russe en 1943, non loin de Leningrad, la division Azul composée de phalangistes et franquistes espagnols se bat aux cotés des allemands dans l’attente de l’assaut final de l’armée rouge. C’est dans ce cadre idyllique que l’on retrouve gelé sur un cheval le cadavre d’un soldat égorgé avec une phrase énigmatique gravé sur l’épaule. Catapulté comme enquêteur Arturo Andrade, ex-lieutenant devenu simple soldat, meurtrier devra se débrouiller coincé entre les intérêts divergents de ses officiers, les problèmes relationnels avec les nazis, sans compter des symboles occultes…
Une fois le cadre posé, les errements du héros sous le froid et les bombes entre administration de guerre, asile d’aliénés sans gardiens, parties de violeta (roulette russe espagnole) laissent dans la bouche une saveur de noir glacé et blanc frigorifiant tenace. La richesse de tous ces éléments donne à l’œuvre une densité très particulière dotée de cette sensibilité ibérique dont Arturo Perez reverte est le symbole.
 
« Empereurs des ténèbres » Ignacio del Valle « Phébus »
Neuf 24 euros  (6/8 euros chez tout bon bouquiniste ! )
Intelligence : ****
Description : ***
Action : ***
Humour : *
Amour : *
Violence : ***
Sexe : *

jeudi 13 décembre 2010 Le bouquiniste a lu N°23 « Diablo Corp » Ludivic Roubaudi

ATTENTION ! Un roman polar-SF pour geeks uniquement.
Flic de corpo contre virtual terrorist...
Je suis un ancien joueur de jeux de rôle. J’ai vu naître Casus Belli et après une tentative avortée par un vendeur d’une boutique spécialisé nul, j’ai vraiment commencé à jouer à la sortie du N°10 de Casus. Le Fiend Folio venait de sortir… Bref ayant beaucoup joué, je suis devenu meneur de jeu puis scénariste (publié ! Si, si !). Un jour je proposais que les meneurs de jeu de notre club soient rétribués par des droits de table. J’ai failli me faire lyncher ! Trop en avance sur son temps le Jean-Hugues. Avec les jeux de rôles massivement multi-joueurs (MMORPG) l’éthique est tombée. On paye mensuellement pour jouer et pire, il est possible d’acheter du virtuel en vrai argent cliquetant (une carte de crédit ne sonne pas…) et trébuchant. On achète de l’argent virtuel, des objets, des compétences et même des niveaux…
Le livre que je vais vous chroniquer est à réserver exclusivement à des geeks. 2049, Ouang Schock est une ville créé de toute pièce pour répondre à la libéralisation de l’économie extrême-orientale. La police est grassement autofinancée grâce aux gains engendrés par les émissions de téléréalités des équipes qui suivent les policiers et leurs enquêtes caméras et micros aux poings. Trois jeunes joueurs de jeux vidéo sont assassinés et au même moment des attentats frappent la ville. De quoi lancer Wayne cassidy, policier de son état  dans la tourmente. Les trois jeunes joueurs sont des farmers (ils montent des niveaux pour des personnages virtuels d’autres joueurs et se font payer pour ça). Les politiques, le milieu, les megacorps informatiques et l’ensemble de la population « qui compte » dans la ville semblent perturbée par les attentats. Corruption, luttes de pouvoir entrent dans la danse. Un roman particulièrement complexe où virtualité et réalité se côtoient dans un ballet vertigineux ponctué de meurtres et d’attentat. Voir la police gérée comme une grande entreprise laisse un sentiment d’inquiétude tellement cela paraitrait logique d’un point de vue de rentabilité. La technicité des jeux vidéo est la trame principale de ce roman déroutant et extrêmement visionnaire.
 
« Diablo Corp » Ludivic Roubaudi « Timée Edition »
Neuf 17 euros  (4/5 euros chez tout bon bouquiniste ! )
Intelligence : ****
Description : **
Action : **
Humour : 0
Amour : 0
Violence : **
Sexe : 0

jeudi 1 novembre 2010 Le bouquiniste a lu N°22. « La vie extraordinaire des gens ordinaires » de Fabrice Colin. (Flammarion)

Je lis des bouquins extraordinaires en ce moment... Du coup ne souhaitant que votre bonheur, je vous en fais partager la découverte... C'est le cas d'un des ouvrages de Fabrice Colin dont vous devriez TOUT lire !
Je ne sais pas si je vous l’ai dit mais je connais Fabrice Colin. Bon, on n’a pas élevé les trolls ensemble non plus, mais nous avons eu l’occasion de nous croiser moultes fois à l’époque de Phénomène J Paris. En fait, tous les deux mois je passais chez « Casus Belli » (l’ancien, enfin le premier) près d’Issy Les Moulineaux (le bout du monde pour un quartier-latiniste comme moi), tailler le bout de gras (c’est vraiment répugnant comme expression ça), bavasser (pas mieux…) avec les  potes de ma génération du jeu de rôle. Didier Guisérix, Pierre Rosenthal, Tristan Lhomme (un gamin !), bref les troupes d’élite de l’époque. Un beau jour de printemps… ou en décembre, je vis un jeune homme frisé avec des lunettes de l’intello qu’il est, en train de me regarder curieusement. Moi, un peu étonné mais en fait la curiosité est l’une des grandes qualités du bonhomme. Didier me présente : « Fabrice Colin qui vient de rejoindre notre équipe histoire d’amener un peu de sang frais… ». Je ne sais plus d’où sortait Fabrice, mais à l’époque rentrer dans l’équipe de Casus était une sorte de gageure et de mauvaises langues (on dit des trolls maintenant) susurraient partout que c’était un paria. Didier semblant TRES content de l’avoir dans son équipe et étant un des types « importants » du jeu de rôle le plus droit et le plus honnête que je connaisse (bon, avec Arnaud Cuidet et Sébastien Cèlerin… et quelques autres) je n’avais que des préjugés favorables…
Quelques années plus tard, Fabrice s’installe chez notre voisin « Multisim », l’éditeur de jeux de rôles qui sous son impulsion édite l’extraordinaire Deadlands « western spaghetti with meat » qui jongle entre le western, les mort-vivants et des cthuluités (si je ne rentre pas à l’académie française ce sera à dégouter de tout) de manière jubilatoire. J’aurai du prendre en photo les tronches des joueurs en partie d’initiation à Phéno dans les parties jouées par Arnaud Cuidet… Mes relations avec Fabrice étaient  mitigées. Il m’intriguait et je le poussais souvent dans ses derniers retranchements ce qui le mettait mal à l’aise sans que je puisse répondre à mes questions. Le considérant plus intelligent que moi (ça m’éneerrrve !!!) et ne souhaitant pas l’embarrasser plus avant, je décidais de lui foutre la paix. Stéphane Marsan qui venait de prendre la direction des éditions Mnémos le pousse vers l’écriture de romans et les deux premiers laissent présager d’une longue aventure qui démarrera en fait avec Winterheim dont les deux tomes parus en 1999 révèlent au monde ébloui les talents de ce prodigieux conteur. La même année il écrira à quatre mains avec Matthieu Gaborit (dont je suis le plus grand fan !) « Confessions d’un automate mangeur d’opium ». La suite est un à un rythme impressionnant la parution de différentes choses (romans, nouvelles, BD) à destinations variées (enfants, adultes) et sa participation à « La brigade chimérique » sur laquelle je reviendrai surement un jour parce que je suis là pour chroniquer un livre et pas m’épancher sur une carrière soit-elle exceptionnelle !
Il est fréquent que des clients bien intentionnés (= qui vont acheter quelque-chose) me demande conseil en SF/fantasy/fantastique : Fabrice Colin est l’une de mes recommandations, coincés entre Moorcock et Neil Gaiman…
« La vie extraordinaire des gens ordinaires » est un recueil de petites nouvelles (oui, mais il y en a plein) qui n’est pas un recueil de petites nouvelles… Plus on avance dans ces aventures, plus on se rend compte qu’elles ont toutes un lien. Pourquoi un homme quitte le confort d’une rédaction pour affronter la solitude de l’écrivain ? Pourquoi un cadre commercial quitte t’il son job pour aller vendre de « vieux » livres dans une boutique en province ? Dans la notion de choix, il y a d’abord celle du refus. C’est la raison pour laquelle choisir est souvent un acte difficile. Refuser de se laisser dicter sa vie, refuser le regard condescendant des autres… Savoir refuser est un acte plus compliqué qu’accepter.
Tous les héros de Fabrice ont refusé quelque-chose pour pouvoir avancer.
Un écrivain (Fabrice…) rencontre un poète dans une chambre d’hôpital, la confiance est instinctive et le poète lui confie 20 histoires qui lui sont arrivés après avoir fait le choix de faire le tour du monde à la recherche de gens ordinaires qui ont vécu des choses extraordinaires : un chasseur de nuage en planeur ; un plongeur dans le coma après une découverte incroyable, son fils réalisant une maquette d’un lieu que fouille sa mère en rêve ; un restaurateur installé sur le toit du monde ; une jeune femme qui perd son billet de loto gagnant ; un vieux surfeur à la jambe de bois qui attend sa vague ; un génie au QI incroyable qui rend fou sa famille ; la naissance d’un «quartier » libertaire suite au décès d’un jeune ; un clown pleureur dans un service de pédiatrie ; une dame anglaise muette et son roi lion ; un héritage d’une maison pleine de chats étranges ; une jeune écrivain(e) chinoise de génie ; amours de femmes et ange de tristesse ; un joueur de foot incroyable ; LE thé d’une vieille anglaise à Ceylan ; une femme qui rêve de vol lunaire ; un dinosaure dans un jardin de Rome ; un parc d’attraction en pleine jungle, des dossiers médicaux qui se croisent… L’espoir, la passion, la folie, un zeste de fantastique et l’écriture magistrale d’un Fabrice Colin au mieux de sa forme littéraire.
Pendant quelques jours, peut-être aujourd’hui encore, cette œuvre envoutante a bercé mon esprit m’accompagnant dans les (très rares) moments où je m’interrogeais sur la nécessité de l’effort incommensurable à effectuer pour de petits résultats. Alors qu’en fait l’effort est anodin et le résultat majeur. La preuve est que le 25 septembre ayant englouti son livre, j’envoyais un petit mot à Fabrice (que je n’avais ni vu ni contacté depuis… une bonne dizaine d’années) sans lui poser de questions, juste lui dire « j’ai passé un TRES bon moment  à lire ton livre », ce à quoi il m’a répondu « Voilà qui illumine ma soirée. Thanks, Jean-Hugues ! »
Ce qui ne tombait pas mal, m’ayant illuminé une bonne partie des miennes !
Si vous doutez encore du bonhomme, n’hésitez pas à parcourir son blog qui est une manière de partir intelligemment en vacances : http://fabrice-colin.over-blog.com/
 
« La vie extraordinaire des gens ordinaires » Fabrice Colin « Flammarion »
Neuf 13 euros  (7/8 euros chez tout bon bouquiniste ! )
Intelligence : ****
Description : ****
Action : **
Humour : **
Amour : ***
Violence : 0
Sexe : 0

jeudi 29 octobre 2010 Le bouquiniste a lu 21. "Le projet Bleiberg" de David S. Khara

Oui, je sais, ça faisait longtemps... Mais c'est de la faute à nos "Têtes" je ne savais plus où donner de la mienne. Etant en retard pour transmettre le papier mérité sur "Le projet..." pour "La tête en noir" N°147, je me suis permis de vous faire un "bouquiniste a lu" sur cet ouvrage remarquable...
 
Je ne sais pas si je vous l’ai dit, mais j’entretiens une relation amicale avec Philippe Ward… Cet homme charmant vivant dans des régions inhospitalières (avec des montagnes) est écrivain. Mais pas que… Il est aussi éditeur. Avec Jean-Marc Lofficier (lui aussi écrivain mais que je ne le connais pas personnellement –et je le regrette) ils ont monté une maison d’édition « Rivière Blanche [1]» qui rend hommage aux collections « Anticipation » « et « Angoisses » du « Fleuve Noir » (Rivière blanche- Fleuve noir = humour !).
Ces remarquables collections (celles de Rivière Blanche… Suivez un peu aussi !) comportent dans la collection blanche des inédits de la vieille garde d’ « Anticipation » mais aussi de jeunes (et talentueux) écrivains français. La collection « fusée » a des vertus d’anthologies de nouvelles (par auteur ou contrées géographiques). La collection noire enfin, édite des textes « fantastiques », des rééditions de cycles connus (Tout Atomos en cinq tomes, Kurt Steiner, Dominique Rocher et autres merveilles) et « Les compagnons de l’ombre » sous la bienveillante tutelle de Jean-Marc Lofficier, qui regroupe des nouvelles hommages-pastiches où Arsène Lupin réaffronte Sherlock Holmes, etc..
L’année dernière est sorti un « Vestiges de l’aube » de David S. Khara, une magnifique histoire de vampire qui a été un hit de la collection ! A ce sujet, j’ai demandé à Monsieur Khara de nous faire (gratos) une petite nouvelle pour notre recueil de nouvelles de vampires du groupe imaJn’ère à sortir en avril 2011. Bon, pour l’instant il me trouve 47 bonnes raisons de ne pas le faire (genre « j’ai deux cycles en cours et je ne sais pas si… ») mais c’est parce qu’il ne connait pas mon niveau de Pit Bulitude (cherchez pô dans le dico…), en même temps son coté breton promets un beau match, je vous tiens au courant.
Du coup il faut que je vous parle de la librairie Critic[2] à Rennes. Cette librairie tenue par une bande de doux dingues agitateurs de méninges (oui, on les aime beaucoup) a monté une maison d’édition qui a sorti à aujourd’hui deux très beaux textes orienté fantasy/fantastique: « Le sabre et le sang » de Thomas Geha et « La volonté du dragon » de Lionel Davoust. Et là : publication d’un thriller « Le projet Bleiberg » de David S. Khara (faudra que je lui demande ce que c’est que ce S., genre si je ne vais pas me la jouer Jean H. Villacampa… Sophie p’tet’ ? Bon à voir… Je vous dirai). Prudent j’en ai commandé autant que la FNAK et Amazeune réunis, du coup, à Phenomène J, on en a encore NOUS !
Et c’est l’enfer médiatique qui se déchaine sur David, tiraillé entre les émissions télés, radios et la presse, après une chronique éblouissante sur une chaine nationale, c’est la ruée. Un retirage a cours actuellement pour regarnir les rayons des libraires imprudents et frileux… (à Phéno…)
Du coup je l’ai lu… La première nuit, j’ai été réveillé par ma moitié qui me faisait remarquer que dormir sur un livre n’était pas une bonne solution pour le chroniquer et que me levant trois heures plus tard il serait temps… Réveillé au milieu de mon rêve avec des nazis et des seringues partout !
Raisonnable, je l’ai fini cette nuit, et ce matin à une heure où seuls les premiers chasseurs de diesel parcourent les routes, je vais vous faire la chronique que vous attendez tous ! (Tout ça pour ça…)
Tout d’abord, et je tiens à le souligner, l’écriture de « Le projet Bleiberg » est magistrale ! Une leçon ! A croire que l’on a affaire à un vieux routard de l’écriture ce que David est peut-être (il ne sucre pas les fraises mais il doit friser la quarantaine… (En même temps faut se méfier la Bretagne use ses hommes… Alors qu’en Anjou, mais bon…)). L’écriture est riche ET limpide, le style concis, efficace ne laisse aucune place à une mauvaise interprétation. Les personnages sont profonds, et le héros n’est pas juste le faire-valoir des compagnons qui l’entourent, comme j’ai beaucoup trop lu en ce moment…
Parlons-en du héros… Quand le roman débute, il est le prototype du « sale con » parfait. Un trader brillant (et vous savez ce que cela veut dire-vos yeux fixés sur la jauge du réservoir de voiture au milieu des manifs en témoignent) qui gâche sa vie en plus de celles des milliards de ses victimes (mais je m’égare…). Jay Novacek est au fond, toute sa vie va bientôt capoter. Sa vie intime est un désastre et sa vie professionnelle va bientôt suivre. Le décès de sa mère va entrainer des révélations qui vont tout changer. L’effet dominos mis en place par son père disparu voit tomber la première pièce. Qui sont les assassins qui l’ont pris pour cible ? Qui est vraiment ce géant chauve qui lui sert de « discret » ange-gardien ? Jacky sera t’elle à la hauteur de la mission que lui a confié la CIA ?
Seconde guerre mondiale, Himler et le professeur Bleiberg lance un programme scientifique qui va avoir des conséquences jusqu’à nos jours. Un alcoolique doré, un illuminé du MOSSAD et une bleue de la CIA sont emportés par un maelstrom surdimensionné dont il va pourtant bien falloir sortir la tête. David Khara (j’ai laissé le S. de coté…) maitrise son sujet avec élégance, il remet les pendules à l’heure : David a bien éclaté sa face à Goliath, il n’y a pas à revenir là-dessus, et pourquoi nous, hommes modernes, ne serions-nous pas capables d’en faire autant (quoi la fronde ?).
Le roman se lit en six heures pour un lecteur chevronné (mais ne le commencez pas à minuit !) et gaffe ! Il est addictif. Qui plus est, David (et il nous avait déjà fait le coup avec « Les vestiges de l’aube ») laisse la porte béante… défoncée, pour une suite.
 
« Le projet Bleiberg » David S. Khara chez « Critic »
Neuf 17 euros  (pas encore chez tout bon bouquiniste ! )
Intelligence : ****
Description : ****
Action : ***
Humour : **
Amour : *
Violence : **
Sexe : 0
 


[1] Le catalogue complet est en vente à Phénomène J (en neuf !)
[2] Le catalogue complet est en vente à Phénomène J (oui, je sais…)

jeudi 21 février 2010 Le bouquiniste a lu N° 20 Michael Connelly et la fiction judiciaire ? : il sait le faire et bien !

Je suis un grand admirateur de Michael Connelly et plus spécialement de son héros Harry Bosch. Si il est vrai que ses romans sont inégaux, la plupart restent des pièces d’anthologie et le flic tourmenté (à tous les niveaux) de Los Angeles m’a fait passer des moments inoubliables. Terry Mc Caleb, le héros de « Créance de sang » et de deux romans ensuite (dont un à titre posthume où Bosch reprend une de ses enquêtes) m’avait laissé sur sa faim. Il n’en est rien de « La défense Lincoln »
Le titre peut paraître énigmatique et pour cause. Le titre américain est : « Lincoln lawyer » soit approximativement « l’avocat à la Lincoln ». Bon OK, c’est moche mais ça donne du sens…
Mike Haller est l’avocat des dealers, bikers, chauffards et autres criminels de moyenne envergure.  Son truc c’est de traiter au mieux et au plus vite ces « petites » affaires, profitant au mieux des (petites ?) faiblesses du système juridique américain afin de s’en sortir au mieux pour ses clients qui dans l’ensemble s’y retrouvent. Autant dire que l’aura de cet avocat n’est pas au plus pure dans les milieux judiciaires. Impressionnant par une organisation minutieuse de son travail, la qualité de ses relations et une vive intelligence, le personnage nous apparait rapidement comme sympathique. D’ailleurs ses amis, collaborateurs et ex-femme sont des témoins privilégiés de la qualité humaine de cet homme qui défend non pas l’indéfendable mais les indéfendus. Toujours un peu juste financièrement c’est avec esprit de lucre qu’il accepte la, très bien payée, mission de défendre Louis Roulet accusé d’avoir roué de coups une femme aux mœurs légères. Bien mal lui en prend, l’affaire est bien entendu bien plus complexe qu’elle en a l’air et Mike va mettre en danger la vie de ses proches et la sienne pris dans une spirale cornélienne où il sera lui-même la victime d’une enquête policière en lien direct avec son affaire. Le pauvre Harry Bosch s’est déjà retrouvé dans des situations complexes, mais celle dans laquelle s’est engouffré son demi-frère (et oui !) parait complètement inextricable. Seule une vive intelligence et une organisation hyper carrée pourrait le sortir d’affaire…
Michael Connelly a été chroniqueur judiciaire et ça se voit. L’ "étrangeté" du système judiciaire américain n’est pas un problème pour la lecture tant le talent de l’auteur nous le rend simple par un énoncé parfaitement maitrisé des situations. Quand au complot, l’intelligence est là et ce n’est pas le premier écrivain de polar de L.A. à surmonter aussi majestueusement le sujet.
Je ne résiste pas de finir ma comparaison avec le roman de Manchette (voir « Le bouquiniste a lu N°19) deux excellents romans policiers que tout oppose : le style, l’action, le volume, le pays, l’intrigue, le moteur de l’intrigue. C’est dans la diversité que naît le plaisir…
 
« L’affaire Lincoln » Michael Connelly. Le Seuil. Points policier
Neuf 20 (Seuil)/8 euros (Points)  (3/6 € chez tout bon bouquiniste ! )
Intelligence : ***
Description : ***
Action : **
Humour : *
Amour : *
Violence : *
Sexe : 0

jeudi 31 janvier 2010 Le bouquiniste a lu N°19. « Ô dingos, ô châteaux ! » de Manchette

Je ne sais pas si je vous l’ai dit mais j’aime beaucoup le polar français. Ça n’a pas été tout de suite hein ? Une sorte d’angoisse du « Maigret de la télévision » et quelques mauvaises expériences. Genre « pas le bon moment pour lire ça ! ». Puis la révélation est venue. Le french touch, l’appropriation d’éléments reconnaissables ethniquement, un style… Bref, bonjour Manchette !
Je ne vais pas vous raconter ma vie mais j’ai une sorte de défaut : je lis plusieurs livres à la fois. Non, pas en même temps ! L’avantage est : si au bout du premier tiers la sauce ne prend pas je la laisse tomber. C’est une des raisons majeures pour laquelle ma dernière chronique de lecture date de trois mois (lié au fait que je ne répète pas les chroniques que j’écris pour les différentes « Têtes » que nous abritons chaleureusement sur notre site).
Et je viens de finir parallèlement Manchette et un Connelly qui m’avait échappé (il n’y avait pas Harry Bosch, c’est pour ça !) avec lesquels j’ai pris autant de plaisir. Et pourtant, tout les oppose. Le Connelly est un pavé où la psychologie des personnages est extrêmement fouillée, l’action est mesurée (le héros n’est pas un homme d’action) et où les effets ne résident pas dans la surprise. Le Manchette fait 200 pages découpés en courts chapitres (les narrations alternent entre les « gentils » et les « méchants »), et en 30 pages il se passe plus de choses que dans tout le roman de Connely. Oui, promis je vous fais un « bouquiniste a lu » pour le Connelly prochainement.
 
Comme souvent avec Manchette, la description psychologique des personnages est réduite à sa plus simple expression, et pour cause, les dialogues et les actions entrainent immédiatement un jugement du lecteur. Un jugement juste qui plus est ! Les personnages principaux s’étoffent rapidement, quant aux personnages secondaires, ce sont des stéréotypes facilement identifiables qui leur donnent leurs pleines dimensions de secondaires. Le décor est donc rapidement mis en place. L’histoire est simple Hartog riche héritier/architecte sort Julie de son hôpital psychiatrique où elle est enfermée suite à un passé criminel/pyromane pour faire d’elle la nurse de son neveu Peter, archétype de l’enfant pourri/gâté  qui a usé toutes les personnes s’occupant de lui jusqu’à aujourd’hui. Julie et Peter se font enlever par une équipe de malfrats dirigés par Thompson (un tueur ulcéré – médicalement).
Mais pourquoi ? Sachant qu’aucune rançon n’est demandée.
Heureusement Julie a plus d’un tour dans son sac… Le roman est simple de lecture, terriblement efficace dans un style clair et concis. Les révélations et les coups de théâtre se suivent à un rythme effréné. Manchette maitrise admirablement les éclats de violence qui parsèment son ouvrage avec un Oscar pour la scène du Monoprix. Grand spécialiste des armes, il fait de Thompson un tueur méticuleux et équipé. Bref, un bon mais court moment de plaisir intense à ne pas rater.
 
Je ne résiste pas à vous rappeler l’existence d’un volume In Quarto chez Gallimard regroupant toutes les œuvres noires de Manchette.
Je parle de Manchette au présent car si l’homme est décédé en 1995, l’auteur est toujours parmi nous grâce à ses œuvres…
 
 
« Ô dingos, ô châteaux » J.P Manchette. Série Noire, Carré noir (sous le nom « Folle à tuer », Folio et Folio Policier.
Neuf 5/6 euros  (2/3 € chez tout bon bouquiniste ! )
Intelligence : ***
Description : *
Action : ****
Humour : 0
Amour : 0
Violence : ***
Sexe : 0

jeudi 2 octobre 2009 18. « Six pieds sous les vivants » d’Antoine Chainas

Je hais Antoine Chainas !! Vous souhaitez savoir pourquoi ???
Et voici le cinquième opus des aventures de Mona Cabriole, héroïne incontournable de la collection « Polar & Rock’n’roll » de la Tengo Editions.
J’avais en d’autres lieux chroniqués deux des aventures de notre jeune (et jolie) reporter au scooter rose et avait apprécié la montée en puissance du personnage, et c’est avec appréhension que j’entamais cette nouvelle aventure dans le douzième arrondissement (où j’ai dans une autre vie trainé mes guêtres). Coincé entre la Bastille, la porte de Bercy et la porte de Vincennes, avec la gare de Lyon, la Seine qui limite son coté sud, les marchands de meubles de luxe, son hôpital ophtalmo, le musée de l’Afrique et de l’Océanie aujourd’hui disparu, ses petits bistrots… Bref le coin calme (trop même…).
Jusqu’à hier soir où j’ai reposé mon livre… essoufflé ! Antoine Chainas (dont je n’avais rien lu), c’est simple, je le hais. D’ailleurs je cherche désespérément dans mes 40 mètres de linéaire de Série Noire (quand on aime…) ses trois autres bouquins pour les dévorer.
Jusque là, Mona Cabriole c’était du polar. Là c’est noir… Pire, noirâtre ! Le premier tiers du livre c’est la descente hallucinée dans les couloirs de l’institut médico-légal de l’hôpital Saint-Antoine… J’aurais préféré ne pas savoir. Les balades flirtent dangereusement avec le gore et Mona subit sans vraiment pouvoir se libérer d’une manipulation psychologique dont elle ne se dépêtrera que meurtrie… Je ne résumerai pas le livre ici, mais on y rencontre un bouquiniste digne de Faust (alors que les bouquinistes sont généralement A-DO-RA-BLES !), une alternative rock star décédée, un gourou techno-rock tout puissant qui organise des « soirées » dont je me demande en tremblant si des équivalents peuvent exister (et non, Monsieur Chainas, je ne souhaite pas de réponses !). Et journalisme et police sont promenés par d’invisibles tout-puissants.
Le roman est rythmé par une écriture sans failles, d’une sècheresse bien crue et bien calculée ainsi que de trois scènes d’un réalisme époustouflant qui flirte avec le fantastique. Les deux soirées « musicales », dont Mona sera témoin et acteur, m’ont laissé muet de stupéfaction (et il faut le faire !).
Notre pauvre Mona roule désormais sur un scooter rose taché d’un sang noir à moitié coagulé qui lui enlève le fourreau de « petite midinette branchée » que lui avaient enfilé ses premiers auteurs pour la couvrir du fardeau de l’humanité transie.
Merci Monsieur Chainas (mais je vous hais quand même !)
 
« Six pieds sous les vivants » Antoine Chainas . La Tengo Editions Sortie 19 octobre
Neuf 9 euros  (5 € chez tout bon bouquiniste ! )
Intelligence : ***
Description : **
Action : **
Humour : 0
Amour : **
Violence : **
Sexe : *

jeudi 24 septembre 2009 17 Johan Heliot : anarchiste ! « La lune seule le sait » Mnémos, J’ai Lu

Vous ne le savez pas mais j’ai chroniqué dans « La tête dans les étoiles N°2 » (1er octobre !) un roman de Johan Heliot qui s’avère le second tome de sa trilogie lunaire. Et j’y ai pris tellement de plaisir que je me suis dit que ne serait pas bête de lire le T1.

Du coup je l’ai fait. Grand bien m’en a pris. Du steampunk français bien écrit ça ne se refuse pas.

Le fait que des extra-terrestres débarquent sur

la Terre et font ami-ami avec Louis Napoléon perturbe légèrement le cours de l’Histoire. Les français deviennent la plus grande puissance mondiale et décide de créer un bagne sur la lune y envoyant de nombreux prisonniers politiques (essentiellement des socialistes qui à l’époque étaient des révolutionnaires proches des thèses anarchistes). La prise de position de l’auteur est claire et devient revendiquée dans sa postface, et moi les auteurs ET courageux ET militant je signe !

Je vous résume l’intrigue ? Bon vite fait alors pour ne pas révéler le sel de l’histoire.

Victor Hugo est retiré à Guernesey (sous la protection officieuse de la reine Victoria). Louise-Michel a été déporté dans le bagne lunaire. On envoie donc sur la lune un espion afin de savoir ce qu’est devenue la passionaria de

la Commune  qui n’est autre que Jules Verne.

L’alliance terrestre et Ishkiss donne lieu à la création d’outils métalorganique du plus bel effet, les deux consciences étrangères s’allient enfin sur des valeurs liées à l’ « humanité » et la conscience géopolitique de l’auteur, sa culture historique rend le roman … euh… intelligent ! C’est bien simple, si je l’avais je suis sûr que je lirais le T3….

 

« La lune seule le sait » Mnémos / J’ai Lu

 

Neuf 19 € / 7 € (3 à 9 € chez tout bon bouquiniste !)

 

Intelligence : *****

 

Description : ***

 

Action : ***

 

Humour : ***

 

Amour (de l’humanité) : ****

 

Violence : **

 

Sexe : 0

 

 

jeudi 11 mai 2009 16. Ostende au bout de l’est

Un voyage à Ostende avec une kyrielle des meilleurs auteurs du genre (noir) valsant avec des photos de Cyrille Derouineau à couper le souffle !
Vous ai-je dit que j’aimais beaucoup la Belgique ? Je n’ai pas fait exprès mais j’ai eu le privilège de vivre à Givet dans les Ardennes pendant trois ans. Les Ardennes c’est ce département au nord-est de la France qui a une petite proéminence qui s’enfonce dans la Belgique. Givet est au bout de la proéminence. Mieux je n’habitais pas Givet mais Flohimont, une « bourgade » de 1 300 habitants... Enfin quand les 1 000 ouvriers (à l’époque) métallurgistes étaient à l’usine où travaillait mon papa... Au nord de Givet (si ! c’est possible) Flohimont était encadré au nord, à l’est et à l’ouest par la Belgique (à 3km au sud, c’était la centrale nucléaire de Chooz brrrr...). Quel privilège ? Des paysages à couper le souffle, la plus belle forêt qui m’ait été donné de contempler, la vallée de la Meuse, le
-23°C,... Et puis les gens. La moitié de ma collection des êtres extraordinaires que j’ai pu rencontrer dans toute ma vie sont des ardennais. La proximité du plat pays (et le quasi-néant évènementiel de la pointe de Givet) nous poussait à visiter la Belgique qui est un superbe pays mal connu. En dehors du fait que la pâtisserie est façonnée pour des géants, que l’on y trouve les meilleures frites du monde connu et que les spécialités charcutières sont magnifiques, les paysages belges sont superbes et les gens adorables (et je ne parle pas des bouquinistes BD de Bruxelles...). J’ai eu le plaisir de visiter Ostende dans des circonstances adéquates : ciel gris et bas se confondant avec la mer, crachin glacé giflé sur les visages par un vent tourbillonnant et waterzooï de coquilles Saint-Jacques suivi de dégustation des bières parfumées locales...
Ostende. C’est à un voyage étonnant que nous invite Cyrille Derouineau, « photographe moderne réaliste » puisque ces instantanés de la ville accompagnent des nouvelles des plus belles plumes noires actuelles. Marcus Malte à la recherche du père douteux. Didier Daeninckx et les rapports conflictuels et complices entre le jeune médecin et sa malade, ancienne  égérie de rock star « coincée » entre un grand hôtel et ses phobies avec une fin Daeninckxienne. Il est vrai que pour avoir vécu à Aubervilliers (93) (comme Didier) la mélancolie qui émane des deux villes possède des similitudes que leurs phénotypes ne laisseraient pas imaginer. Jean-Bernard Pouy et sa sortie encadrée d’anciens du quatrième âge à l’énergie revigorante qui se conclut « à la Pouy »... Marc Villard et ses histoires de dealers amateurs désespérés qui se croisent avec angoisse et amour. Michel Quint et ses deux vaisseaux plein d’humanité qui se croisent sur la mer grise et pluvieuse avec la seule conclusion ensoleillée du recueil (merci Michel !). Enfin Jean-Hugues Oppel qui nous prouve à nouveau que patience et professionnalisme sont les mamelles du tueur à gage !
Outre la qualité des nouvelles que l’on y retrouve, ce recueil possède une unité non calculée mais liée au fait que les différents auteurs appuyaient leurs inspirations sur les vues fournies par Cyrille Derouineau. Bel exercice donc et complètement réussi !
 
« Ostende au bout de l’est » Collectif. Photos de Cyrille Derouineau
Neuf 19,50  (8/10 chez tout bon bouquiniste !)
Intelligence : ***
Description : ****
Action : **
Humour : 0
Amour : *
Violence : 0
Sexe : 0

jeudi 20 mars 2009 15- Du Rififi dans la garbure

...un polar plein de choses diverses et variées, riche comme un plat du sud ouest !
 
Est-ce que je vous ai dis que mon grand-père maternel était un gascon ? Je n'ai de cet homme que l'image du père parfait que m'a transmise ma Maman puisqu'il est parti trop tôt des suites d'inhalations poussées d'ypérite lors d'une des rencontres franco-allemandes qui ont parsemé le début du siècle dernier... (Il faut vous y faire, dix neuf cent quelque chose c'est le siècle dernier...). Il a tout de même laissé ses traces dans la famille car du coté maternel, le recours systématique à la volaille grasse sous toutes ses formes est ancré dans la gastronomie familiale, ainsi que l'utilisation généralisée du haricot blanc !
Bon ! Venons en au fait ! J'ai lu « Du rififi dans la garbure » de Jean-Louis Breton ! Voilà un roman qu'il ne va pas être facile de chroniquer et pourtant j'ai de la bouteille dans la chronique (25 ans...). Bin là...
Bon, le sous-titre du roman est : Fabienne Babouin, reporter / Roman polar-écolo-rigolo. De l'action, de la réflexion, de l'Armagnac et des ficelles de caleçon. Tout est dit, une approche alternative de l'écologie anti-OGM, une intrigue policière et un humour où l'hommage de l'auteur à San-Antonio est clair et confirmé.
Bon, je tente le résumé sans dévoiler l'intrigue. Fabienne Babouin est reporter pour un quotidien régional gascon et est le témoin du meurtre d'un homme politique en pleine conférence, aidée de sa photographe, d'un policier parisien et de son adjoint elle va enquêter dans les milieux écologistes et viticoles du coin afin de coincer le coupable.
Bon, (OK c'est le dernier, promis plus un seul Bon, avant la fin...) j'ai toujours une sorte de retenue lorsqu'un écrivain homme raconte à la première personne la vie d'une femme surtout lors des scènes de c... (pouf, pouf) surtout lors de passages érotiques (y en a !).
Qui plus est le policier parisien, qui va en fait résoudre l'énigme, n'est autre que le commissaire Antoine Antoine et son aide Béroyer (pour les habitants de la planète Folmahaut, il s'agit des clones de San-Antonio et Bérurier).
Autant dire que l'exercice est casse-gu... complexe, et Jean-Louis Breton (que je ne connais pas !) se sort avec élégance des embuches qu'il s'est semé (!!).
La rencontre de la jeune femme libéro-libertaire-libertine avec notre commissaire préféré (si, si) est très amusante, rencontre du jeunisme triomphant et de l'expérience mégalomane. C'est très drôle et coule comme un Floc bien frais dans un soir d'été.
Reste une réflexion sous-jacente sur écologie et OGM où profitant d'une réunion « confuse » entre pour et contre, un résumé réaliste de la situation oppose les deux camps (ne me demandez pas, je ne vous dirais pas que je suis contre les OGM)
Alors par contre pour le trouver, ne perdez pas de temps chez vos libraires ou à la FNAC une seule adresse : www.lecanardgascon.com 


« Du rififi dans la Garbure » Jean-Louis Le Breton. Les éditions du Canard Gascon
Neuf 12 euros chez www.lecanardgascon.com (6/8 € chez tout bon bouquiniste !)
Intelligence : ***
Description : ***
Action : **
Humour : ***
Amour : 0
Violence : *
Sexe : **

jeudi 10 mars 2009 Le bouquiniste a lu 14 "Les fleurs du Marais"

N'hésitez pas à vous plonger dans le polar/rock, une expérience impressionnante.
Je ne me souviens plus si je vous ai dit qu’il m’arrivait parfois de prendre un certain plaisir à lire du ... euh... « polar régional ». Je n’en fais pas une consommation exagérée car s’immerger dans une énigme et les us et coutumes d’un coin précis de France reste un exercice qu’il est complexe de réussir. Tout comme l’écrire en fait...
Mais j’ai un souvenir ému des aventures de Mary Lester de Jean Failler, du polar sans violence, breton mais loin du cliché touristique folklorique que j'ailu lors de parcours vacanciers entre Morlaix et Locquirec...
Quand la sauce prend, le dépaysement est aussi total qu’en pays navajo avec Tony Hillerman, enfin presque...
Mona Cabriole est journaliste à Parisnews, et reprenant le concept du « Poulpe » « La Tengo Editions » nous propose ses aventures, une par arrondissement, un auteur différent par aventure. Deux opus de la série ont déjà vu le jour, un sur le second arrondissement (Beaubourg, rue Saint Denis, les Halles, etc...) Et un autre sur le quatrième arrondissement « Les fleurs du Marais » que j’ai dévoré en une nuit.
Vous avais-je dit que j’étais un ancien bouquiniste parisien ? Si, si, dans le Quartier Latin à coté du prestigieux « Collège de France » que je croyais jusqu’alors peuplé de vieillards cacochymes et obtus. Bien entendu comme la quasi-totalité des idées toutes faites, il n’en est rien : les pensionnaires du prestigieux établissement sont des êtres humains juste EX-TRE-ME-MENT érudits dans leurs domaines et assoiffés d’une inextinguible curiosité à l’endroit de... TOUT ! Y compris de SF et de jeux de rôles que je vendais alors à l’époque !
Bref, ayant eu le plaisir d’avoir une activité professionnelle dans une autre vie dans le quatrième arrondissement de Paris, j’ai découvert ce petit arrondissement coincé à l’est par La Bastille, au nord par la Seine, au sud par les grands boulevards (de Monsieur Haussmann) et à l’ouest par Beaubourg (à peu près...).
Il contient son lot de sites touristiques : la place des Vosges entre autres... Et particularité du lieu, c’est un coin de Paris où s’entremêlent trois communautés très typées : les premiers bobos, les gays et les juifs (à tendances religieuses douces mais présentes). Le quartier est parsemé de petites rues encombrées de circulation dont la célèbre rue des Rosiers, oui celle où il y a eu le fameux attentat contre le célèbre traiteur casher.
Bref, un endroit vraiment sympathique (il y a cinq ans) avec des boutiques atypiques de grande qualité (non pas de bouquinistes ! Ils sont de l’autre coté de la seine !).
Un concept original pour cette collection : une thématique Paris-arrondissement / polar / rock !
Mona Cabriole est une jeune femme TRES branchée. Parcourant les rues de Paris à bord de son scooter rose ou à pied pour son journal, elle part en quête « de cette satanée vérité qui lui tient tant à cœur ».
L’intrigue pourrait se résumer ainsi : des skinheads battent à mort (et à battes) des flics avant de « rituellement » se livrer sur eux à des mutilations, les déguiser en drag-queens et à les exposer à la vue de tous, dans les lueurs des petits matins blafards parisiens.
Mais pourquoi t’est-ce ?
C’est ce que va tenter de découvrir (encore une expression désuète...) va découvrir Mona Cabriole explorant le monde secret du Marais (avec de bonnes surprises pour le lecteur) le tout accompagné de références musicales à découvrir ou à redécouvrir.
Le ton est résolument moderne et vivant, le style est fluide, se hache dans les expressions de violence qui parsèment avec régularité le récit. Le tout est à écouter de préférence en musique en choisissant les titres référencés dans le texte (pas eu le temps car lu en une nuit... On devrait avoir un index des titres et artistes en début de livre).
 
Les fleurs du Marais
Thomas Hedouin
Neuf : La Tengo Editions 5.50 euros. 3 euros chez tout bon bouquiniste
 
 
 
Intelligence : **
Description : ***
Action : ***
Humour : *
Amour : *
Violence : ****
Sexe : *

jeudi 8 mars 2009 Le bouquiniste a lu 13

Marylin la dingue de Charyn et Rébéna, et je ne l’ai pas regretté !
Vous ai-je dit comme j’aimais beaucoup la BD ? (oui ?!?)
Et je suis par exemple un immense fan de Tardi quand il adapte Malet. Mieux, je crois que j’ai encore mieux perçu « 120, rue de la gare » quand j’ai lu son adaptation. Il me manquait des références visuelles années 50 pour bien appréhender le bazar !
L’exercice consistant à adapter un polar reste casse-gueule, preuve en est les adaptations de notre commissaire San-Antonio national qui ont souffert de calibrage de studio de BD ( !!!)
En dehors du fait que j’aime beaucoup Charyn et son héros Isaac Sidel, flic juif du Dowtown semi-imaginaire de New-York que l’on retrouve dans quelques romans (4 ?), la couverture de la BD adaptée d’un des opus des aventures d’Isaac : « Marylin la dingue » m’a interpelé : on y voit une jeune femme partiellement dénudée sur un grand lit vous regarder droit dans les yeux. Et la magie s’est faite presque sans regarder les auteurs j’ai pensé à la fille d’Isaac Sidel. Et c’est fort car Marylin est un personnage majeur du roman presqu’accessoire à l’intrigue. Le monde de Charyn possède de nombreux personnages extrêmement fouillés, emberlificotés dans un écheveau d’intrigues complexes et aidé de l’auteur Rébéna s’en sort de façon.... géniale. Son trait qui hésite entre le Munoz d’Alack Sinner et le Franck Miller du premier « Dark Knight » (pardon Frédéric...) rend intégralement le maelström de Charyn, mieux encore, il l’enrichit.
Comme vous le voyez, je suis emballé ! Et c’est rare avec une BD qui est complètement à contre-courant de ce que l’on trouve actuellement dans les rayons des librairies.
 
Marylin la dingue / Charyn Rébéda / Denoël Graphic
17 euros (12 euros chez un bon bouquiniste)
 
Intelligence : ****
Dessin : ****
Action : **
Humour : 0
Amour : **
Violence : ***
Sexe : **

jeudi 10 janvier 2009 Le bouquiniste a lu 12

Tout le monde va croire que je suis un grand sentimental !! Bon tant pis. Je viens de finir le recueil de nouvelles de Sylvie Jeanne Bretaud « Confidences intimes et petites nouvelles magiques », et ne résiste pas au plaisir de vous en parler.
 
Est-ce que je vous ai dis qu'être bouquiniste ne laisse pas beaucoup d'occasions de lire au travail ? Et bien c'est le cas ! Sans parler des clients et des vendeurs, nous passons notre temps à ranger, étiqueter, référencer, ranger (oui, je sais...), mettre en carton, feuilleter (oups !), ranger ...
Bon, cependant parfois on fait des pauses et cédons à nos addictions. La mienne (une des miennes...) est la lecture.
Comme tout bon homo-sapiens de base de sexe masculin, il est de mon « devoir » de montrer une image sympa mais... euh, virile !
Ce jour là, je tombais sur un titre marrant chez NRF Gallimard qui trônait sur un de nos célèbres piles vacillantes qui agrémentent votre parcours du combattant dans la boutique.
Creezy de Félicien Marceau, un truc d'une quarantaine d'années qui se lit d'une traite, sauf que fin du premier chapitre venant, je trempai mon bureau de larmes. Bonjour le « viril » ! Un truc incroyable, ce type me racontait une histoire que je n'avais pas vécu comme si c'était moi !
« Mais pourquoi il nous raconte ça ?? »
Bon, un beau jour du mois de novembre, entre dans la boutique une dame blonde, l'air sympa qui se promène dans la boutique et discute un peu, de façon TRES positive de l'ambiance du lieu (ce qui prouve bien son goût sûr !). Puis m'expliquant qu'elle écrivait, je sollicitai de sa bienveillance la possibilité de distribuer son livre ce qu'elle accepta...
Vous me connaissez, je l'ai lu. Bin, Re-paf ! Comme Félicien Marceau (c'était pour ça...), des larmes sur mon bureau. « Creezy » et les «  Confidences intimes et petites nouvelles magiques » ont pourtant peu de choses à voir, mais dans chaque nouvelle, Sylvie Jeanne (je ne peux pas critiquer son prénom m'appelant moi-même Jean-Hugues, mais quand même...) nous titille une fibre que l'on espérait mieux caché, une peur viscérale et injustifiée face à un événement anodin, de la vie sécrète des Nounours, comment se faire leurrer par un string, et ma préférée : « Une horreur pareille » où une jeune fille de 16 ans découvre avec stupéfaction ET émerveillement que sa grand-mère (un amour) a eu une vie avant la sienne.
On pleure, on s'énerve, on sourit, bref, on vit devant ce doux maelström d'émotions déversées avec fluidité et élégance. Une écriture dans laquelle on se laisse bercer sans précautions, en confiance...
Je DOIS penser à me faire dédicacer mon exemplaire !

Confidences intimes et petites nouvelles magiques
Sylvie Jeanne Bretaud
Neuf Les 2 Encres 16 euros (8 € chez tout bon bouquiniste !) ET nous on le vend 15 euros en neuf sur notre site

 
 
Intelligence : ****
Description : ***
Action : **
Humour : ***
Amour : ***
Violence : 0
Sexe : *

jeudi 1 décembre 2008 Le bouquiniste a lu 11

« Conan » de R.E. Howard. Enfin, réédité dans une nouvelle traduction et présentation de nos amis de chez Bragelonne
 
Vous ai-je déjà dit que j'adorais la fantasy ? Puis, je ne suis pas regardant façon époque, de Fritz Leiber à Matthieu Gaborit en évitant habilement Eddings mais en passant agréablement par Salvatore...
Bref, en dehors de la mauvaise habitude qu'ont les auteurs de fantasy de faire des cycles de 4 000 pages pas toujours passionnants, je suis grand fan.
Quant à Howard, c'est un peu comme Lovecraft ou Burroughs, des incontournables mal connus, souvent mal interprétés et, malheureusement les adaptations cinématographiques les ridiculisent plus qu'elles ne leur rend hommage.
Un bémol pour Conan cependant, en dehors d'un air d'abruti notable gardé durant la majeure partie du film (peut-être lié à l'acteur...) le héros howardien est correctement transcris dans le premier film (je n'ose qualifier le second Conan et l'affligeant Kalidor sensé conter les aventures de Sonia la Rousse (Red Sonja pour les amateurs).
L'oeuvre de Howard est très importante, et choisissant une littérature populaire efficace, R.E. nous entraine dans des épopées pleines de fureur d'exotisme, de courage, dans des époques aussi variées que d'une antiquité imaginaire à des périodes contemporaines. Ces aventures paraissant dans des pulps sont essentiellement composées de nouvelles de tailles diverses contant les exploits d'une douzaine de héros dont les plus célèbres sont Conan, Agnes de Chastillon, Cormac Mac Art, Solomon Kane, etc...
Le point commun de tous ces héros est une volonté de fer qui s'exprime par des idéaux sans faille à la moralité souvent douteuse et une force et une intelligence sans failles où l'action prend souvent la place de la réflexion...
Bref c'est jubilatoire. Comme pour tous ces auteurs populaires américains, les traductions étaient bien souvent approximatives, avec la médaille d'or pour le Tarzan d'Edgar Rice Burroughs qui avait été massacré par Hachette dans les années 50 à un point tel que lorsque la regrettée maison d'édition Neo (Nouvelles Editions Oswald) avait récupéré les droits, les traducteurs avaient constaté avec stupéfaction que dès le troisième opus de la série, certains chapitres étaient entièrement passés à la trappe...
L'équipe de Stéphane Marsan (lui-même « formé » à la perfection éditoriale de la regrettée (décidément...) maison d'édition Multisim (qui nous a laissé des bijoux du jeu de rôles comme Néphilim, Rêves de dragon, et Agone entre autres)) . Je ne sais pas si vous vous y retrouvez entre tous mes niveaux de parenthèse mais moi je commence avoir du mal !!
Bref, Stéphane Marsan donc, avec son équipe bragelonnienne nous a concocté un petit bijou. Toutes les nouvelles de Conan en trois tomes ! Toutes celles écrites par Howard s'entend car tout comme pour Lovecraft, Conan, personnage emblématique de la liberté a inspiré de nombreux auteurs et on trouve, par exemple, dans les éditions « commises » par Titres SF (reg...) des « suites » écrites entre autres par Lin Carter, de valeur inégales mais qui permettaient aux fans de retrouver leur héros favori dans de nouvelles aventures.
Il existe(-ra) deux versions de cette trilogie : une première dont au moins deux tomes sont déjà édités aujourd'hui, reliure tissu plus or à chaud et jaquette (sur laquelle je me suis précipité !!!) tout simplement superbe, et un retirage broché juste cher (au lieu de très cher !). MAIS on en a pour son argent, c'est tout simplement superbement présenté, traduit et ne boudons pas notre plaisir, haletant et passionnant.
Un petit résumé biographique : Conan est un barbare de Cimmérie, un pays à l'extrême nord du continent européen peuplé de tribus en guerre les unes les autres et avec les pays frontaliers plus « civilisés » (peuplés de géants blonds à la viking). Un pays charmant où l'on balance les enfants de six ans dans les fosses aux loups, ceux qui ressortent vivants sont acceptés dans la communauté... (J'ai proposé qu'on fasse pareil avec nos hommes politiques mais bon...). Les raisons pour lesquelles Conan se retrouvent sur les routes d'un monde basé sur la réalité mais purement imaginaire sont obscures mais il arpentera toutes ces contrées croisant de nombreux amis et femmes tous aux destins funestes et croisant le fer avec tout ce qui existe de guerriers légendaires, sorciers rusés et hautains, monstres de tout acabit voire de divinités anciennes et cruelles. Il finira roi d'un des royaumes « civilisés » l'Aquilonie. Archétype de l'homme libre intelligent, beau, musclé à qui tout réussi, il n'est pas étonnant que Conan ait fait rêvé des générations de lecteurs.


Conan
R.E. Howard
Neuf Bragelonne Relié 35 euros / broché 25 euros (25/15 euros chez tout bon bouquiniste)
Intelligence : ****
Description : ***
Action : ****
Humour : **
Amour : *
Violence : ***
Sexe : *

jeudi 6 septembre 2008 Le bouquiniste a lu 10

"La Brèche" de Christophe Lambert (non pas celui là !). Des bipodes de combat à obus explosifs, ça peut perturber le débarquement de 1944 c'est sûr !
Vous ai-je déjà dit que j'étais un amoureux de la science-fiction ? Et puis depuis tout petit en plus ! Mon premier bouquin ? Un Peter Randa chez Anticipation Fleuve Noir. J'avais 8 ans et du coté maternel de la famille on dévorait la collection à la fusée. Ma tante Eliane avait passé un deal avec sa maison de la presse qui lui gardait tous. (Je me demande où c'est passé d'ailleurs tiens !).
Puis ça a été la découverte de la collection SF de Jacques Sadoul chez J'ai Lu: Vogt, Simak, Asimov, puis la grande claque avec Dick, Moorcock (mon préféré -son coté drapeau noir peut-être), Brunner...
...
Et puis j'ai assisté à la « naissance » de Mathieu Gaborit (qui a fait sa première séance de dédicaces chez nous), Fabrice Colin, Mnémos, ... Des copains professionnels, des amis de passions croisées.
Bon... 1. Je vous raconte ma vie là ! 2. On est pas là pour ça !
La science-fiction est divisé dans un nombre impressionnant de familles qui se regroupent parfois et le terme générique, galvaudé qui plus est par des gens qui n'y connaissent rien, n'a plus beaucoup de sens en lui-même.
Le livre que j'ai fini de lire il y a quelques jours rentre dans la famille des uchronies. Mais c'est quoi t'est-ce une uchronie?
La référence est historique : par exemple la peste moyen-âgeuse au lieu de tuer 40% de la population en tue 55%. Du coup ce n'est pas la « civilisation occidentale » qui domine la monde mais les civilisations d'Amériques latine et du sud (incas, mayas, etc...) et l'auteur part de ce précepte pour décrire notre monde moderne en fonction de ce nouveau paramètre. Comme bien souvent dans la science-fiction, c'est un exercice intelligent, généralement amusant, et ouvrant des perspectives nouvelles passionnantes.
Le livre dont je vais vous parler n'est pas réellement une uchronie (mais pourquoi il nous enquiquine depuis 30 lignes alors ???) mais se sert de la même gymnastique pour arriver à ses fins (ah !).
Nous sommes en 2060 et les scientifiques ont mis au point le voyage dans le temps en fonction des théories d'Einstein. Mais c'est cher, très cher... L'armée dépositaire du « brevet » forme une « association » avec la grande puissance financière de l'époque : les producteurs de télé-réalité.
On va enfin savoir comment est morte Marylin Monroe en envoyant sur place une équipe discrète qui va filmer la scène. Ne devant en aucun cas perturber le déroulement de l'histoire aucune intervention n'est donc possible, et c'est comme ça que les états-uniens perdront leur sex-symbol alors que « nous » avons si bien su garder « notre » BB nationale !!
Mais même ces superbes sujets commencent à perdre de l'audience et, idée géniale, les producteurs décident d'envoyer deux quidams calés sur le sujet pendant le débarquement du 6 juin 1944.
Trop fort ! Et c'est un régal, on assiste à la préparation de l'émission avec nos deux « héros », des êtres humains avec leurs problèmes comme vous (moi je n'en ai pas), et leur départ dans le siècle dernier (oui, je sais on du mal à s'y faire...). Bien entendu tout ne se déroule pas comme prévu. Des tricheurs ont décidé d'aider militairement ceux d'en face...
Nos héros ne sont pas équipé pour contrer ça et il va pourtant bien falloir se débrouiller avec les moyens du bord en sachant qu'un nouveau futur est en train de s'écrire parallèle au notre et où le drapeau nazi flotte sur la marmite !
C'est un immense moment de plaisir, malgré une écriture simpliste (un des grands défauts de la SF), c'est haletant, amusant, intelligent et trop court !
Vous allez dire que je suis toujours en train de me plaindre en off que les cycles de fantasy interminables m'ennuient.
Tiens en parlant de ça j'ai lu trois tomes d'un Greg Keyes (qui en faisait quatre) extrêmement intelligent lui aussi, mais je n'ai pas pu lire le quatrième. Une idée géniale pourtant, mais qui se dilue au fur à mesure de l'avancée dans l'œuvre à devenir insipide au possible. Pour les patients, il s'agit du cycle « L'âge de déraison ». C'est sorti chez Pocket et on y croise du beau monde (Benjamin Franklin, Newton, D'Artagnan, et plein d'autres) dans un monde devenu post-apocalyptique du fait d'une « erreur de calcul » de l'équipe scientifique de Louis XIV. Extra-terrestre, êtres élémentaires, alchimie, tout se mêle dans une histoire passionnante et ... interminable.

La brèche
Christophe Lambert (non pas celui-là)
Neuf Pocket 6,80 (3 € chez tout bon bouquiniste !)
 
 
Intelligence : ****
Description : **
Action : ****
Humour : ***
Amour : 0
Violence : **
Sexe : 0

jeudi 19 juin 2008 Le bouquiniste a lu 9

Une BD ! "Petites éclipses" de Fane & Jim. Et il a eu du mal à s'en remettre : trop d'émotions !!
 
Vous-ai-je déjà dit que j'aimais beaucoup la bande-dessinée. En fait depuis « avant-lire », je baigne dans les hebdos Spirou offerts par mes grands-parents et les reliures Mickey de mes parents. Quand je me suis rendu compte que la symbolique que tentait vainement de m'apprendre une institutrice cacochyme allait me permettre de... lire mes BD : le choc. Deux mois plus tard, je lisais Spirou et Mickey dans le texte ! Mais je m'égare.
Depuis je dévore l' « un peu tout » qui me passe dans les mains (et il en passe) avec plus ou moins de bonheur( sauf les révélations d' « Ultimates », de « V pour Vendetta », de « De cape et de crocs » et de plein d'autres en fait !)
La sortie des grosses BD en noir et blanc « à texte » m'a laissé de marbre, du genre «Tant qu'à lire du texte autant lire un roman ». Et là me rentre un pavé de près de 300 pages de Fane et Jim.
Je ne vous l'ai pas dit mais les couvertures ont pour effet d'éveiller ma curiosité. Je feuillette le mammouth et vérifiant d'un œil que Bertrand d' « Art et BD » ne passait pas dans le coin pour me traiter d'oisif, je me lançais dans les dix premières pages de la bête.
Pfff, une histoire de quarantenaires qui se la jouent pré-ado... Tous les clichés se mettent en place au fil des pages : des vacances en groupe d'anciens potes dans le sud de la France. Argh du « Friends » à la française. Déjà insupportable quand cela se passe en milieu exotique, en France ça allait tourner au vaudeville.
Bon encore 10 pages. Comme ils sont stéréotypés tous. L'homosexuel, le couple accompagné de l'ex-maîtresse et l'homme marié frappé du démon de midi accompagné d'une petite jeunette de 20 ans de moins.
Les 10 dernières et je retourne bosser : ça y est ils sont tous arrivés, les premières scènes de couple éclatent, ça commence à se tirailler dans une ambiance lourde comme le soleil de là-bas.
Ce coup-ci ce sont les 10 dernières. Ce serait un Astérix il serait fini ! Mais là ça y est tout est arrivé et pourtant il reste 250 pages !
Je ne voulais pas mais je l'ai lu jusqu'au bout.
Il existe des moments dans la vie où la souffrance culmine au point que l'on pense que l'on va mourir, que c'est fini, on est au bout. Et pourtant le lendemain on redémarre on ne sait pas pourquoi, et on atteint de nouveaux bonheur que l'on imaginait pas.
Ces pauvres six personnages (plus leurs proches et ceux qui les entourent). Tous y passent les uns après les autres. Ils vivent un cauchemar, et pourtant tous s'aiment et semblent honnêtes avec eux-mêmes.
C'est une superbe histoire, porté par des comédiens d'encre de chine, superbement maitrisée, j'ai passé un moment horrible avec eux, nous sommes tous concernés d'une manière ou d'une autre à ce qui leur arrive, chacun d'entre nous y trouvera son compte homme ou femme. Tout le monde y retrouvera ses peines et ses bonheurs...

Petites éclipses
Fane et Jim
Neuf Casterman écritures 16 euros ( 8/10 € chez tout bon bouquiniste ! )
 
 
Intelligence : ***
Description : BD !
Action : **
Humour : **
Amour : ****
Violence : 0
Sexe : **

jeudi 7 juin 2008 Le bouquiniste a lu 8

« La bouffe est chouette à Fatchakulla » de Ned Crabb. Un Polar qui sent bon le bayou et... le poil de chat.
Vous ai-je déjà parlé de la « Série Noire » ? Tout le monde la connaît, c’est un bébé de Gallimard qui édite toute l’élite du roman noir international. C’était, disons plutôt; cette collection qui sortait de nombreux romans à des prix abordables sort aujourd’hui (dans un autre format) au compte-goutte de gros livres dont le prix vous permettrait presque de vous offrir du super pour 200 km de promenade automobile, c’est dire... Mais je m’égare...
Certains trouvent que les anciens titres ont vieilli. Mais Jules Verne aussi !
Pour ma part en plus d’une écriture fluide et nerveuse je trouve que les intrigues, bien ficelées, ont, qui plus est, le charme de nous faire découvrir des aspects passionnants de la sociologie des années 50.
Bon, Ned Crab a écrit son bouquin en 1978, mais celui-ci se déroule dans univers intemporel : le fin fond de la Floride.
Le moins que l’on puisse dire est que l’ambiance est rurale. Mais exotique : bayous puants, alligators et superstition. Tout se passe merveilleusement bien dans le petit village de Fatchakulla quand l’on commence à retrouver ça et là des morceaux d’autochtones bien connus de la population. Ça fait désordre...
En dehors de la police fédérale, totalement inefficace, ne restent pour mener l’enquête qu’un sheriff dépassé, un oisif buveur de bières joueur de banjo et un toubib émotif.
Inutile de dire que l’investigation vaut surtout pour la richesse des personnages qu’elle implique et surtout un décor totalement dépaysant et particulièrement pittoresque.
Ned Crabb s’amuse et ça se sent : la manière dont l’énigme va être résolue en est une preuve manifeste, et nous nous amusons avec lui de bon cœur.
Un agréable divertissement ... trop court.
 
La bouffe est chouette à Fatchakulla 
Ned Crabb
Neuf Série noire 8.50  (4 chez tout bon bouquiniste !)
 
 
Intelligence : ***
Description : ****
Action : *
Humour : **
Amour : 0
Violence : 0
Sexe : 0
 

jeudi 12 janvier 2008 Le bouquiniste a lu 7

"Lettres à un ami... Correspondance d'un hiver en Mongolie" de Michaël Guichard chez "Avel Nomad éditions"
Vous ai-je déjà dit combien les voyages m'ennuyaient ? C'est idiot, je vous l'accorde sans peine car une fois arrivé, je suis TRES content. Mais voilà : pour me faire partir : bonjour !
En fait c'est pour cela que je lis beaucoup, les autres me font voyager, et quand ils sont bons je vois tout ce que ces professionnels de la transmission du concept me donnent. S'ils sont très très bons, je capte des parfums, des arômes. Et pour les maîtres, je ressens presque tactilement les choses.
Bin Michaël, c'est un maître ! Il est arrivé à la boutique samedi soir dernier avec deux livres en poche et son histoire mal rodée de dépot-vente-auto-édité et comme d'hab' et bien qu'il ne soit pas de chez nous (c'est un breton !!) on a pris son livre.
Du coup je l'ai lu (surtout qu'il nous avait fait un envoi vachement gentil) : la claque !
Tu t'es déjà retrouvé en Mongolie volontairement faire le berger au milieu des yourtes, des loups, des yacks, et des gens que je veux bien comme frères et sœurs ? Sans savoir comment on va revenir.
Il a passé un moment de rêve Michaël (et un long moment : un an) et au travers de lettres qu'il écrit à un ami, il nous fait partager son rêve de la plus belle des façons. Le paradis, il a vécu un an au paradis. C'est bien simple j'irai presque... J'y suis allé, au travers des mots de Michaël et ses émotions qui le transportent sans heurts dans son utopie.
Il a fallu que je remette un pull ! Que j'associe une odeur de bétail à ses passages "berger" ! Que je retienne mes hoquets nauséeux devant son délicieux ragoût d'abats de chèvre...
Le chapitrage est fait de façon très sympa de pages de plus grand format qui recouvrent l'ensemble des pages du chapitre en se rempliant comportant chacune d'entre elles de très jolies photos couleur. (si vous avez compris :  bravo !)
Le prix de vente de ce superbe document est de 25 euros et nous en plus on vous l'envoie GRATOS ! (C’est de la faute à Amazon Monsieur l'Agent !)
 

jeudi 9 janvier 2008 Le bouquiniste a lu 6

"Sous les vents de Neptune" de Fred Vargas, et il a été enchanté, sauf que...
Vous-ai-je déjà parlé de Fred Vargas ? J’ai commencé à la lire chez J’ai lu, attiré par un quatrième de couverture alléchant (on devrait faire une thèse sur les quatrième de couverture). Il y était question de trois héros historiens, l’un en préhistoire, l’autre sur le moyen-âge et le dernier sur la grande guerre. Chacun des héros reflétait les traits attachés à la période qu’il étudiait et je n’ai rien lu de plus beau que les aventures de ces trois lascars ces dix dernières années. Humanité, érudition, suspens, humour, un cocktail savamment dosé pour notre plus grand plaisir.
Et puis il y a Adamsberg... Je n’aime pas Adamsberg. L’homme je veux dire... Héros de « Pars vite et reviens tard » dont j’ai beaucoup aimé l’adaptation cinématographique et d’une demi-douzaine (...) d’autres aventures. C’est un héros indescriptible, rêveur, anticonformiste, doué d’une formidable intuition, il aborde les problèmes qui se posent à lui d’une façon tout à fait inhabituelle ou onirisme, réflexion tous azimuts, paraboles sont les plus étonnants aspects. Il est entouré d’un certain nombre de personnages, tous décales, tous terriblement attachants, tous doués d’un quelque-chose qui les font naviguer dans notre mémoire et dans notre cœur comme un doudou pour un enfant.
Le plus présent est Danglard, assistant direct d’Adamsberg, père-célibataire alcoolique, terriblement pointilleux et logique le reflet opposé du héros de Vargas. Et lui aussi « horriblement » attachant. C’est la magie de l’auteur que de nous présenter des « marginaux » sans intérêt visible et de nous les transformer en entité pleine et entière, tous profondément humain et dont on rêverait pour meilleur ami.
Pourquoi je n’aime pas Adamsberg ? Ce n’est pas simple mais en résumé, c’est le type d’homme dont on ne saurait se passer alors qu’il a une facilité extraordinaire et quasi-involontaire de faire souffrir ceux qui l’aiment (et qu’il aime). Mieux, c’est le spécialiste de la situation cornélienne, tout pourrait se passer merveilleusement bien, il suffirait d’un mot ou d’un geste mais ni l’un ni l’autre ne se fait et on se demande pourquoi !
Sous le vent de Neptune est une superbe histoire, une enquête sur un tueur en série où Adamsberg est directement impliqué à plusieurs titres. Je vous laisse faire la connaissance de Josette (une petite nouvelle branchée informatique) et d’une kyrielle de portraits hauts en couleur de nos cousins outre-Atlantique, puisque Adamsberg et son équipe partent se perfectionner à Québec. Ce qui laisse Fred Vargas le plaisir (et le notre) de s’étendre sur le parler et les mentalités des chums de là-bas.
(Qui sont A-DO-RA-BLES ! Vous ai-je parlé de Linda B. une amie québécoise ? Je n’ai jamais rencontré de personne plus gentille que celle-là !)
L’histoire coule comme un rêve, tout semble parfait... MAIS pour faire fonctionner son histoire, Fred Vargas laisse passer une erreur de scénario IN-CROY-ABLE... Elle n’a pas d’amis qui la relisent ??? Je n’en reviens toujours pas.
Scénariste de jeux de rôles à mes heures (passées) mes joueurs m’auraient immédiatement fait remarquer l’erreur !
Je ne vais pas vous la raconter, ça vous gâcherait le roman. Mais une petite parabole s’impose. Imaginez que dans votre coin il existe un fou qui peint une croix en vert sur la tête des chats et qu’une semaine après le chat meurt d’un coup de fusil. C’est vous-même qui avez noté ce fait. Il est arrivé déjà 6 ou 7 fois. Un matin c’est votre chat qui a la croix peinte en vert sur la tête... Et bien si c’est à Adamsberg que ça arrivait il serait STUPEFAIT qu’une semaine après son chat meure d’un coup de fusil !!!
Le truc incroyable, Adamsberg le sensitif, le génie de la police passe complètement à coté d’un fait évident.
Et heureusement pour le roman... Sinon il n’aurait plus de sens. Je trouve regrettable qu’un auteur du talent de Fred Vargas laisse passer une chose aussi terrible.
Bon, ceci dit j’ai pris un immense plaisir à lire « Sous le vent de Neptune » malgré cela.
Je ne lis plus Vargas chez « J’ai lu », je n’ai pas le temps d’attendre... Je le lis donc chez « Viviane Hamy »...
 
Sous le vent de Neptune
Fred Vargas
Neuf Viviane Hamy 17.50 France Loisirs 18  ( 6/8 chez tout bon bouquiniste ! )
 
 
Intelligence : ***
Description : ****
Action : **
Humour : **
Amour : *
Violence : 0
Sexe : 0
 

jeudi 8 septembre 2007 Le bouquiniste a lu 5

Napoléon Pommier. San-Antonio
Le fait que Bérurier soit un descendant en ligne brisée du despote corse est une friandise sans rapport avec l’intrigue. On croisera tous les personnages importants de la série.
Vous ai-je dit que j’étais un grand fan de San-Antonio ? Je suis tombé dans ma prime adolescence sur un « La fin des haricots » trouvé dans un grenier qui m’avait laissé pantois d’incertitude. Cette expérience mal faite, une cinquaine (j’ai le droit !) d’années plus tard et sous les conseils avisés de mon entourage je me plongeais dans un « Béru et ses dames » avec… délectation. Avec la voracité de cet âge (???) je me précipitais sur tout San-Antonio que je suivis ensuite. Comme de nombreux « observateurs » je notais les trois périodes : classique violent / drôle intelligent / cul amusant. Je suis plutôt fan de la seconde et Napoléon Pommier est de la troisième.
 Une enquête classique qui ne manque pas d’intelligence et d’humour accompagnée d’une débauche de copulations pas forcément nécessaires à ce rythme. Résumer l’intrigue serait, comme souvent la dévoiler. Les « petits » moins : les passages à tabac des différents témoins par Béru, un relent d’homophobie, une morale conjugale pour le moins douteuse… Mais aussi toutes les grandes qualités de San-Antonio : une intrigue amusante des rebondissements jubilatoires et le cortège de traîtres et d’amis fidèles habituels.
 
 
 
            
Napoléon Pommier
San-Antonio
Neuf Fleuve noir 22 €, Pocket 6.70 €, Club 22 € ( 3/7 € chez tout bon bouquiniste ! )
 
 
Intelligence : **
Description : **
Action : **
Humour : **
Amour : **
Violence : **
Sexe : **

jeudi 26 mai 2007 Le bouquiniste a lu 4

La mort en gros sabots. J F Bardin

Que les léprechauns lui demandent de promener un percheron en ville, d’accord ! Mais se faire accuser de meurtre avec pour indice un percheron… C’est à en perdre la tête.

 Vous ai-je parlé de Patrick R. ? Non ? Une icône de Phénomène J pourtant ! Moustache au nez, sourire cynico-ironique aux lèvres, la « jolie » cinquantaine, Patrick est rentré dans la boutique aux premiers mois de son ouverture, et humble et modeste a engagé la conversation sur le polar… Une belle camaraderie en est née (la passion du noir) et Patrick est devenu mon mentor dans le choix de mes polars quand je m’éloigne de mes Connelly, Ellroy, Vargas et autres Mankell. C’est comme ça que j’ai découvert des auteurs étonnants du fleuve…
Et par une belle et pluvieuse après-midi d’avril je vois l’œil vif de Patrick s’arrêter sur un une pile de « Terrain vague » en tirer un. « Vous avez lu ça ?? » « C’est un des romans noir qui m’a marqué ! ». Je l’ai pris. Une couverture ornée d’un superbe percheron gris perdu au milieu d’un carrefour d’une métropole américaine.
Le docteur Mattews est un psychiatre. Et le jour où l’un de ses patients lui explique qu’il est en affaire avec des léprechauns (petits lutins irlandais) il ne se formalise pas. Quand son patient lui explique qu’il a justement rendez-vous avec l’un d’eux et lui propose de l’accompagner pour faire sa connaissance, le docteur enfile sa veste et l’accompagne. Bien mal lui en prend. Il se retrouve embarqué dans une spirale où l’on se demande si nous ne sommes pas en train de lire un roman fantastique. Il y aurait de quoi rendre fou. Et pourtant toute la réalité s‘emboîte dans une logique implacable. Je défie le lecteur de ne pas se faire surprendre… Tous les poncifs sont présents : l’ami flic, la rousse flamboyante et l’identité bousculée, et la mayonnaise prend avec une efficacité jubilatoire.
Comme le dit Patrick R. : un IN-CON-TOUR-NA-BLE.
 
 
 
 
            
La mort en gros sabots
John F. Bardin
Neuf Joelle Losfeld  10 €, Terrain Vague (ep), Néo (ep), Ditis (ep)( 5/7 € chez tout bon bouquiniste ! )
 
 
Intelligence : ***
Description : ***
Action : **
Humour : **
Amour : *
Violence : *
Sexe : 0
 
 

jeudi 1 mai 2007 Le bouquiniste a lu 3

Les nuits blanches du chat botté

Et je le regrette, comme quoi, on peut être un grand admirateur de 10/18 Grands détectives, et lui trouver des titres décevants…

Je l’ai dit par ailleurs, j’aime bien cette collection. On prend du plaisir et on se cultive, le cocktail idéal. J’y ai découvert un certain nombre de grands auteurs (dont je m’amuserai sûrement à vous faire une petite liste un de ces jours). On se promène dans les différentes époques de l’histoire, dans des pays lointains, dans des ethnies exotiques, bref que du bonheur.
Celui-ci… Attiré par le titre et un splendide 4ème de couverture, je me plongeais dans ce mois d’octobre 1700 où une série de crimes lance dans l’enquête un jeune procureur libertin et une jeune nobliette oisive de province. Des jeunes femmes tuées par des loups et retrouvées porteuses d’une cape rouge, des couples étranglés la bouche pleine de petits cailloux blancs…
L’enquête est trop simple, le résultat tiré par les cheveux, le roman est court mais lourd à la lecture, une superbe mais trop brève description du Paris de l’époque ne sauve pas le reste du roman. Quelques scènes érotiques crues parsèment sans intérêt l’ouvrage avec une propension pour la relation sexuelle violente et brève.
Michel Amelin partage mon avis sur l’inintérêt de l’intrigue et nous nous demandions si le polar historique ne s’usait pas au travers de « nouveaux » auteurs usant de la filière.
 
 
 
            
Les nuits blanches du chat botté
Jean-Christophe Duchon-Doris
10/18
Neuf 6.90 € ( 3 € chez tout bon bouquiniste ! )
 
Intelligence : 0
Description : **
Action : *
Humour : 0
Amour : *
Violence : *
Sexe : ***

jeudi 25 avril 2007 Le bouquiniste a lu 2

Imaginez-vous, vous promenant sur le forum à Rome et vous retrouvant (bètement) renvoyé 1 400 ans plus tôt à la fin de la Rome antique...
De peur que les ténèbres (ce n’est pas un livre d’horreur)
 
Un de mes fidèles clients est un universitaire (jeune) expatrié de la douceur angevine pour cause de marasme d’enseignement. Du coup, il vient me voir moins souvent (et je le soupçonne d’acheter parfois ses livres ailleurs…)
Cela faisait quelques semaines qu’il n’avait pu passer me voir quand il entre dans la boutique d’un pas décidé, l’œil rivé sur le rayon SF, puis après quelques minutes de recherches infructueuses, se tourne vers moi : « Vous n’auriez pas un bouquin de Lyon Sprague de Camp, c’est l’histoire d’un type contemporain qui se retrouve catapulté à la fin de l’époque romaine et qui profite de ses connaissances modernes pour s’installer confortablement »
Interloqué je lui demande le titre, « De peur que les ténèbres »
Je n’en avais que trois (à ma grande surprise), deux chez l’excellente maison d’édition belge malheureusement disparue : Marabout, et l’autre chez une autre perte de l’édition française : Néo.
Je laissais mon client s’emparer d’un des Marabout et me saisissais du Néo.
… Deux nuits sans sommeil.
Et je n’avais JA-MAIS entendu parler de ce livre !
Pour une raison mal définie et alors qu’il admirait le Panthéon, le docteur Padway se trouve projeté 1400 ans dans son passé. Voilà de quoi décontenancer le commun des mortels. Lui, non ! Comparable au Cyrus Smith de l’île mystérieuse de Jules Vernes, Padway s’en sort remarquablement bien en « inventant » la relation bancaire, la comptabilité avec le zéro, l’alcool, le papier et bien d’autres choses qui vont faire de cet opportuniste bon teint un homme fort de son époque. Ne nous y trompons pas, la réflexion sur la conséquence de ses actes sur le futur ne l’effleure même pas. Le roman est plein d’un humour au second degré, et on prend grand plaisir à voir l’ingéniosité de l’homme moderne face à l’ignorance antique.
Il est passionnant aussi de se promener dans cet époque trouble (et mal connue pour ma part) où les factions en place (Goths, Francs, etc…) dansent le balai des grandes invasions barbares. L’ingéniosité et les machinations de Padway sont sans failles et son parcours est littéralement exultant.
 
 
            
De peur que les ténèbres
Lyon Sprague de camp
En rupture en neuf / En occasion chez Néo, Marabout, Manitoba
Indisponible ( 5/10 € chez tout bon bouquiniste ! )
 
Intelligence : **
Description : *
Action : **
Humour : **
Amour : 0
Violence : *
Sexe : 0
 
 

jeudi 5 avril 2007 Le bouquiniste a lu. Episode 1

Non seulement il vend des livres mais en plus il lit !
Non seulement il lit, mais en plus, il raconte !
Aujourd'hui : Irène Adler contre Sherlock Holmes (respectueusement)
Cela faisait un petit bout de temps que je tournais autour du rayon. Je n’avais pas encore fait autre chose que feuilleter (avec soin) quelques volumes de la collection Labyrinthes éditée sous la bienveillante tutelle du Masque. Je dois le dire à ma grande confusion, je me laisse parfois séduire par l’aspect du livre…
Cette très jolie collection donc, semblait être la parfaite concurrente de « Grands détectives » chez 10/18 dont le polar historique nous amuse et nous cultive avec intelligence.
Quand parcourant les couvertures du regard, mon œil fut attiré par un nez aquilin qui ne pouvait appartenir qu’au résident de Baker Street. Il était debout, le regard perdu, dans sa robe de chambre, une pipe allumée aux lèvres. Une main rouge s’inscrivait sur le haut à droite de Holmes.
Tout ceci n’a bien entendu RIEN à voir avec le roman. On n’y voit même pas Holmes en robe de chambre, et l’on ne croise son chemin que dans un petit 5% du livre !
Mais le titre de cet ouvrage « Good Night Mr Holmes » pouvait laisser imaginer notre célèbre détective allant au lit dans sa robe de chambre et découvrant un tag rougeâtre dans son couloir des toilettes… Pas du tout.
Ce livre écrit par Carole Nelson Douglas, texane d’adoption et auteuse d’une quarantaine de romans, raconte en fait une partie de la vie de Irène Adler, adversaire de charme de Sherlock Holmes dans « Un scandale en Bohème ». Cette biographie est le fait de l’amie d’Irène Adler : Penelope Huxleigh, que le décès prématuré de son père pasteur, et la faiblesse des services sociaux de l’Angleterre victorienne mettent à la rue. Irène la « débauchée » (rassurez-vous, il n’en est rien) et Nell la puritaine (si, si) vont former un couple pétillant d’intelligence dans une vie de bohème. Et d’ailleurs la Bohème sera l’une de leurs étapes puisque nous découvrirons la « vraie » face cachée du « Scandale en Bohème » de C. Doyle au travers des yeux des deux femmes dans une intrigue concernant la fabuleuse ceinture de diamants de Marie-Antoinette. Je dois reconnaître que j’ai pris beaucoup de plaisir à me promener avec ces deux comparses dans un roman que les puristes taxeront de féminin. De l’intelligence, une intrigue amusante ponctuée des rebuffades d’Irène l’américaine dans ce monde réactionnaire européen, et aussi le plaisir de rencontrer Holmes et Watson en face d’adversaires estimables.
            
Good Night Mr Holmes
Carole Nelson Douglas
Labyrinthes
8.50 € (3/4 € chez tout bon bouquiniste !)
 
Intelligence : ***
Description : **
Action : *
Amour : *
Violence : 0
Sexe : 0