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Les fanzines

Ecce Homo de Tyrannosaurus Imperium

jeudi 12 février 2014 Ecce Homo N°6 Et quand un tyrannosaure lit un roman, dans quel état se trouve le livre après ?

 

« Pascal Quignard » Tous les matins du monde Gallimard

Ça faisait un moment que je le voyais traîner sur une grosse pile celui-là.  Tout un tas de lecteurs humains me répétaient à n’en pas finir que c’était IN-DIS-PEN-SA-BLE à la culture d’un dinosaure.

C’est le fait que le bouquiniste chauve de la rue Montault me dise « Tiens, une classe d’Angers étudie la vie de Sainte-Colombe ! (le nom du « héros ») » qui m’a poussé dans mes derniers retranchements.

Que va-t-on faire ingurgiter à nos chères têtes blondes. Non pas que je n’ai pas confiance aux angevins, ils sont beaucoup moins béni-oui-oui qu’ont veux bien le dire. Bon d’accord c’est à Angers que Madame Taubira s’est fait agiter une banane sous le nez, mais même parmi les dinosaures, il y avait des tricératops pas bien dans leurs têtes et cela restait une minorité pas du tout représentative.

Non, ils seraient vraiment tous comme ça, on aurait retrouvé depuis longtemps le contraire d’anachorète de bouquiniste crucifié sur le palais épiscopal qui fait face à sa boutique.

En plein débat sur le genre, et malgré le fait que tous les profs que je connaisse ont un avis tranché sur la question (et elles tranchent dur celles que je connais, faites-moi confiance) mon coté « réprimons dans mon estomac les liberticides » aiguisa ma curiosité naturelle.

Bon, le truc, c’est que c’est un petit bouquin qui se lit en une heure et demi. Quand on sait que j’avais l’édition Gallimard, ça sent l’arnaque. Surtout que je lis un livre : il est détruit. Bin oui, les éditeurs se foutent de produire des ouvrages destinés aux grands carnivores alors forcément, entre mes griffes et quelques sucs digestifs liés à des mastications collatérales…

Bref, chacun ses problèmes (le principal des votre étant de m’éviter).

Trois choses m’ont interpellé dans ce (court) roman.

La première est l’écriture parfaitement maitrisée et cependant complètement anachronique. Le sujet se déroule durant le règne de Louis XIV et le langage et la syntaxe utilisés imitent celles de l’époque mais en énonçant par moment des faits résolument modernes, par exemple ceux liés à la sexualité, sujet omniprésent de manière latente dans l’ouvrage.

La seconde est liée à un déchainement de passions dont celle de la musique qui dépasse la douleur de la perte de l’être aimé, mieux est une voie de communication avec lui.

La troisième est le fil narratif qui ne se lâche pas de tout le roman.

Monsieur de Sainte Colombe, joueur de viole, perd son épouse et ne se remet pas de cette perte. La viole parfaitement maîtrisée par l’artiste devient l’outil d’expression de ses sentiments à défaut de tout autre. Ses deux filles sont emportées par ce « virus » et deviennent virtuoses. Mais Sainte Colombe se refuse à tout autre partage de sa douleur y compris au roi. Il finit par accepter un élève dans des conditions que je ne spoilerai pas et le jeune homme va devenir la perte de la famille et finalement se sacrifiant lui aussi viendra à la douleur, logique conclusion des passions les plus folles.

La performance est belle et « quasi » académique. Presque trop à mon goût. Mais je suis un tyrannosaure…

Bon, je m’en doutais mais je ne ferai pas un festin de profs cette fois ci.

Quand à vous, lisez l’ouvrage ou je vous bouffe !

jeudi 7 janvier 2013 Ecce Homo N°5 Où il est question d'un gros reptile là aussi...

« Lasser, un privé sur le Nil » Sylvie Miller & Philippe Ward, éditions Critic

 

Le noir duo vient de frapper à nouveau. Si vous avez été attentif (ce je vous recommande, car vous avez l'air tous bien appétissants!), vous n'aurez pas raté la chronique réalisée par mes soins sur l'anthologie réalisée par David K. Nouvel chez Mnémos « Fragments d'une fantasy antique » dans « La tête en l'ère » N° 21 et donc la nouvelle de Philippe et Sylvie qui concernait le bientôt incontournable détective Lasser accompagné de ses amis.
L'exercice de Ward et Miller est innovant dans le monde de la littérature de genre. Ils reprennent les mécanismes scénaristiques des polars des années 50 avec leurs codes qu'ils appliquent à un monde uchronique. Nous sommes à une époque proche de la nôtre à la différence que les dieux existent vraiment et mieux encore vagabondent parmi nous. Essentiellement ceux des cultes polythéistes : nordiques, grecs, égyptiens, etc... Bien entendu, l'Histoire s'en trouve « légèrement » perturbée
Le roman dont il est question ici n'en est pas un, il s'agit plutôt d'une succession de nouvelles inter-liées entre elles de manière chronologique. A ce titre plus proche donc de « La faune de l'espace de Vogt ou les premiers « Elric » de Moorcock que des « Sherlock Holmes » de Doyle ou « Harry Dickson » de Jean Ray). Cette méthode a pour avantages de suivre temporellement la biographie des héros et de créer des moments de coupure permettant de s'interrompre sans laisser l'histoire en plan. Le référenciel au « Hard Boiled » des années 50 est tout à fait jubilatoire. Lasser est un privé qui ne dédaigne pas le whisky, les jolies filles et doit se prendre une raclée à chaque épisode. Le couple qu'il forme avec Fazibel sa jolie secrétaire, d'une réjouissante efficacité, n'est pas sans rappeler un certain Nestor Burma et Hélène Chatelain.
Sauf que sa cliente habituelle (et c'est une malédiction) est Isis, et qu'elle n'est pas particulièrement commode, comme pourrons vous le raconter le groupe de pachas qui partage le salon de l'hôtel où Lasser se livre à son passe-temps de prédilection : la dégustation de Pure Malt les plus anciens possibles. Isis, comme tous les dieux, est dotée de nombreux pouvoirs dont certains destructeurs. Mais les dieux de ce monde ne possèdent pas l'omniscience et sont parfois les victimes de criminels. D'où l'utilité de Lasser. Le problème réside dans le fait que les criminels sont parfois eux aussi des dieux et là, tout devient très compliqué pour notre détective. Et je ne vous parle pas de Seth et sa paranoïa...
Les références aux classiques des deux genres sont légion et le duo d'auteurs n'hésite pas à donner dans le calembour quand cela s'avère nécessaire et évite de longues descriptions (vous parlerai-je de Sarq-Osis?). Le ton est léger et tout cela se lit avec jubilation.
Mais de quoi ça parle ?
Lasser est un détective marseillais. En fait les noms sont « antiquisés » Marseille devient Marselha, on vogue sur la Mare Nostrum, etc... Une bévue l'oblige à s’exiler en Egypte où ses talents de détective privé vont rapidement être mis à contribution.
Six enquêtes dans ce volume donc qui débute avec « Filature à Marselha » où Lasser va se faire piéger par un ponte du milieu de la ville et va devoir s'enfuir avec la maîtresse de celui-ci en Égypte. Cette brève aventure amusante introduit le personnage. « Le manuscrit de Toth » va voir s'envoler la tranquillité tant désirée par Lasser, pour le lancer à la poursuite du manuscrit de Toth qu'Isis s'est fait subtiliser risquant ainsi d’empêcher la bénéfique cru du Nil. « Le chat de Sekhmet » voit l'introduction d'un nouveau personnage, Ouabou un chat qui parle et n'a pas la langue dans sa poche. Tout va bien puisqu'il s'agit de retrouver le chat d'un dieu... Viennent rejoindre dans cet épisode quelques personnages secondaires récurrents dont un splendide minotaure. « L'embrouille féline » voit Ouabou jouer avec les codes d'un conte bien occidental. « Le quatorzième morceau d'Osiris » se retourne contre Isis. Madame, doutant de la fidélité de son époux et profitant que celui-ci fut « démonté » en d'autres temps par le divin Seth, garde par devers elle le « morceau » lui permettant d'atteindre la félicité conjugale, le rendant à son propriétaire quand le « besoin » s'en fait sentir. Je ne douterais pas de l'ingéniosité du système si le fameux morceau ne se faisait pas subtiliser par un tiers... A qui de le retrouver ? Et où il sera question d'un reptiles de taille (presque) respectable. « La querelle nubienne » démarre par un événement tragique, la mise à sec du Nil, suite à un « malentendu » entre dieux égyptiens et nubiens, et où la noblesse des deux pays paraît bien obscure.
Je ne vous l'ai pas dit mais s'ajoute aux qualités déjà citées de l'ouvrage, l'érudition distillée à petites touches fines mais convaincantes.
J'attends avec impatience mars 2013 pour la sortie du second opus de la série qui en comporterait déjà cinq prévus et d'autres si tout cela roule bien.
Donc, lisez-le... Ou je vous bouffe !

jeudi 5 octobre 2012 Ecce Homo N°4 Tyrannosaure contre Bob Morane. "Opération Atlantide"

On sait bien qu'à quelques reprises notre ami Bob Morane a fait des cartons sur les dinosaures. Ceci expliquant surement cela. Attention notre vieil écailleux pousse assez loin dans les révélations du titre.
Oui, je sais Bob Morane, ça fait plus iguanodon que Tyrannosaure mais chacun ses petits travers. On le sait tous Henri Vernes a commencé à écrire à l’attention d’adolescents boutonneux (ceux d’aujourd’hui s’étouffent la peau à base de cosmétiques miracles qui donnent un sale goût à la nourriture mais bon). Le pitch pour les martiens qui ne connaissent pas est que le commandant Morane est LE Héros. Il est superbe, musclé, jeune, ne vieillit pas, courageux, incorruptible, honnête, une vie saine, inflexible, les yeux gris et pour le reste on ne sait pas, Riton ne nous contant pas ses exploits au lit (mais on se doute). Bref, le mec pénible. Il a un ami incontournable, une brute écossaise au grand cœur aux grands bras musclés et au cerveau atrophié mais d’une fidélité en amitié qui devrait être un exemple pour notre jeunesse abrutie de trahisons (avec un record pour « Le trône de fer » et « 24H Chrono »).Bill Balantine puisque c’est lui, est lui aussi un stéréotype bien sympathique au début mais qui finit surement cirrhosé à la fin de l’œuvre monumentale d’Henri.
Heureusement Bob a des ennemis récurrents qui sont superbes dont le fameux Monsieur Ming dit « L’ombre jaune » (le péril de même couleur…) et sa fille superbe (et donc amoureuse de Bobby) et quelques autres qui, heureusement, ont soit des filles, soit sont des filles (superbes dans tous les cas).
Les scénarios sont souvent sympas et on n’hésite pas à se promener du polar à la science-fiction en passant par l’aventure et le fantastique. Bref pour un adulte normalement constitué une bonne heure et demie de détente.
Du coup, las des dernières aventures du playboy dans des mondes de fantasy moyennement maîtrisée, comme tous les dix ans je me faisais mon petit Bob Morane de derrière les fagots et prenait un exemplaire détruit de « Opération Atlantide ». En me disant à défaut de relire Pierre Benoit (Antinéa… Antinéa), relire un roman que j’avais lu dès sa sortie (1956… Oui, je sais…) ne me ferait pas de mal.
Je vous fais le pitch. Bob décide de croiser en solitaire au large d’îles paradisiaques et d’en trouver une déserte où il pourrait se reposer, dans un campement de fortune, du stress dans le quel il vit et se ressourcer dans la nature (petite puce…). Bon, pas de bol une base secrète est installée sur l’île où des hommes à la mine patibulaire sortent d’un gros engin bizarre pour se rendre dans un bâtiment.
Ai-je dit que Bob était d’une curiosité maladive ? Il l’est. Il se précipite donc dans la machine et se fait toper par les patibulaires. Qui ne le sont pas ! Les méchants sont dehors, ce sont des russes (mais on ne le dit pas hein ?) qui veulent trouver eux aussi cette zone sous-marine où les faux patibulaires ont trouvé un minerai très radioactif (donc vachement bien). Je vous passe l’affrontement (avec des armes à rayons bruleurs) et la fuite dans la machine (sous-marine donc). C’est à ce moment qu’une brusque lassitude a envahi mes membres inférieurs (très gros). Mais j’ai continué et j’ai bien fait. Bon, je ne vous raconte pas tout mais je spoïle là hein ? Gaffe. Si vous n’êtes pas contents, vous pouvez toujours venir me voir (avec deux trois kilos de mayonnaise par contre !).
Les explorateurs vont découvrir que les atlantes étaient des malins et avaient eu le temps de faire des villes sous globe avant de se faire engloutir. Que les villes n’ont pas été englouti en même temps et que la première était habitée par des scientifiques qui manipulaient les gènes et on créé une race hybride amphibie et avait une architecture bizarre. Les seconds (les gentils) avaient une peur bleue des premiers.
Et là où je suis resté stupéfait c’est que les méchants êtres hybrides se nommaient des dagons et leur ville Ryleh[1] ! Même Henri Vernes a mangé dans la (grosse) gamelle de Lovecraft.
Bon je vous « rassure », seuls les noms et la localisation sous-marine ont un rapport (et nous ne sommes pas au point Nemo).
Pour la fin, Bob va ruser avec les méchants russes et leur coller une taule et pour ne pas être enquiquiné avec des atlantes perturbateurs, Henri suicide les survivants avec maestria.
Henri Vernes n’utilisera pas ces subterfuges grossiers à longueur de temps. Et je garde un excellent souvenir de sa patrouille du temps qui permet de voir Bob et Bill en armure, et ses voyages dans l’espace où l’on ne vous entendra pas crier lorsque vous vous ferez dévorer par des roses mobiles…
 
 
 


[1] Pour les incultes Rlyeh est la ville où Cthulhu rêve et attend…

jeudi 3 août 2012 ECCE HOMO N°3 La chronique de Tyrannosaurus Imperium. Markham ou la dévoration de Mike Resnick.

Le planet opera est un genre extrêmement agréable pour l’originalité qu’il demande mais qui peut-être casse-gueule comme nous allons le voir ici.
J’aime beaucoup le planet-opera. Quand il est bien fait, je veux dire… J’ai ma période en ce moment. Je lis du planet-opera.
Pour ceux qui n’en ont jamais lu, les grands classiques anglo-saxons sont le cycle du monde du fleuve de PJ Farmer (vous pouvez éviter le dernier tome), Dune de Frank Herbert (le premier tome à ne rater sous aucun prétexte), le Majipoor de Silverberg et dans les grands anciens l’anneau-monde de Larry Niven. J’oserais, je rajouterai (avec mon élégance coutumière) le cycle de Rama de Clarke avec lequel j’ai passé un très bon moment (au moins pour les deux premiers). Vous pouvez éviter judicieusement le cycle de Pern de McCaffrey et Ténébreuse de Bradley, SAUF si vous souhaitez faire de la musculation.
Pour les européens, nous avons quelques TRES bons, et je ne saurai trop vous recommander la lecture d’Adriana Lorusso et son Ta-Shima (Bragelonne … Et si !)dont le chauve de la rue Montault devrait bientôt vous donner des nouvelles. Mais aussi Ayerdhal et son Mytale, le monde d’Omale de Genefort, Roland C. Wagner et son temps du voyage. Je ne vous recause pas de « Le sang des immortels » de Genefort, vous savez tout le bien que j’en pense (y a intérêt !).
Vous pouvez éviter « La horde du contrevent » de Damasio qui est le bouquin qu’adorent toutes les personnes qui ne lisent jamais de SF.
Mike Resnick est une sorte de génie. En dehors de sa trilogie Enfer / Purgatoire / Paradis qui retraçait par une métaphore liée à la science-fiction le destin de trois colonies anglaises d’Afrique Centrale, il avait réalisé un certain nombre de space-operas un peu moins sérieux qui se déroulait dans le même univers dont les aventures du « faiseur de veuves » un chasseur de primes au grand cœur.
C’est donc avec une néfaste insouciance que je me lançais dans « La dévoration de Markham » que je possédais dans la défunte collection « Présence du futur ».
On ne devrait JAMAIS être insouciant, un tricératops de mes victimes le disait souvent à ses amis avant de craquouiller délicieusement sous mes crocs…
Le dernier endroit où on l’a vu Michael Drake est la planète Bushveld. Et c’est très embêtant car le fameux Michael est le seul capable de soigner une maladie mortelle qui contamine peu à peu toute la galaxie, que Bushveld est une planète sauvage et que le dernier contact officiel de l’ex-futur sauveur de l’humanité remonte à plus de dix ans.
Marrkham est un journaliste, un vrai. Prêt à prendre tous les risques, à les faire prendre aux autres, cruel, calculateur (j’ai l’impression de me décrire !) et qui souhaite laisser son nom dans l’Histoire. Retrouver Michael Drake est donc un objectif à sa mesure. Afin d’obtenir le détachement nécessaire à la crucifixion morale de Markham, le récit va être mené par l’accompagnateur principal de l’expédition dont le rôle frise la neutralité la plus froide avec brio. Il ne sait pas. Markham a-t-il raison ? Ou pas ? En attendant il laisse faire avec une passivité digne d’un bovin anesthésié.
Le reste du roman est digne des romans d’aventures dans la jungle du début du XXème. Avec deux trois armes modernes sans intérêt et un matériel de pointe que l’on ne verra pas fonctionner puisqu’il  tombe en panne très vite laissant nos comparses dans le dénuement de Livingstone, l’expédition se fait décimer peu à peu, on tire gratuitement  sur tout ce qui bouge, on extermine des villages de sauvages MAIS on retrouve Michael Drake.
Les cinquante dernières pages du roman sont une ode à l’opportunisme flamboyant et sans scrupules, toujours sous la plume placide du narrateur.
En fait rien de bien neuf sous les étoiles du pliocène de la SF.
Ma recommandation serait : vous souhaitez retrouver l’ambiance aventures-jungle, lisez Burroughs (Edgar Rice hein ? Pas William – que vous pouvez lire aussi d’ailleurs). Il s’y passe beaucoup plus de choses intéressantes et les « maladresses ethniques » ont au moins l’excuse de l’âge. Et Tarzan est beaucoup plus sympa. C’est étonnant les variations qualitatives que l’on peut trouver sous la plume d’un même écrivain. Vous l’avez compris, je suis très déçu. Et je vais relire « Tarzan et les hommes-fourmis » pour la peine…

jeudi 26 janvier 2012 Tyrannosaurus Imperium digère ses gigahertz !

Le grand reptile sort de nouveau de son antre. Une chronique amère douce. Amère avec Bifrost et douce avec Ophélie Bruneau...

Ce matin, je me suis réveillé grognon. Faut dire que j’avais lu le dernier Bifrost avant de me coucher. Il n’aurait pas fallu. Un Monsieur de la SF française faisait une critique destructrice du « Rêves de Gloire » de Roland C. Wagner paru chez « L’Atalante » mais ça, c’est le jeu. On ne peut pas plaire à tout le monde. Puis le Monsieur manifestement énervé (réveillé grognon ?!) d’expliquer à qui voudra l’entendre que le prix européen des Utopiales ferait mieux de s’appeler le prix L’Atalante. Et là forcément ça m’a énervé. Il faut dire que le chauve de la rue Montault (Jean-Hugues Villacampa de Phénomène J[1] ) faisait partie du jury et m’a fait un rapport détaillé de l’évènement. Ce type a beaucoup -trop -de défauts mais le pire est son honnêteté maladive (ce qui est TRES mauvais pour le genre de commerce qui l’exploite-non, il n’y a pas de faute)…Trois des quatre membres du jury étaient soudoyés par L’Atalante ? Le quatrième n’avait mis le bouquin de Wagner qu’en seconde position sur quatre car il n’était qu’à moitié corrompu ? Arleston acheté par L’Atalante, alors qu’il pourrait faire le contraire…  Cher Monsieur de Bifrost, moi qui me suis amusé à lire les quatre romans sélectionnés, et malgré toute l’admiration que j’ai pour Thierry Di Rollo (édité par Bélial pour l’occasion), il ne pouvait pas gagner cette année. Pour les deux autres, ça se discute peut-être. Aller poser son étron malodorant sur un résultat de prix littéraire et sur un auteur de SF français alors que sa propre maison d’édition participe avec un de ses auteurs ne fait pas très très fairplay.

 

Heureusement la veille au soir, j’avais fini la lecture de « Et pour quelques gigahertz de plus… » d’Ophélie Bruneau aux éditions Ad Astra.
Ophélie Bruneau est une gamine (elle est toujours vivante, c’est un signe) élevée aux séries mangaoïdes de seconde génération et à quelques bouquins glanés quasi au hasard dont ceux du génial déjanté : Douglas Adams. « Et pour quelques Gigahertz de plus… » est la réalisation d’une sorte de pari. Le résultat en est tout à fait réjouissant. Un bon space-opera des familles par un auteur qui en a peu lu est toujours une bonne surprise quand il respecte à ce point les lois du genre avec cependant un traitement original. On sent un fond de gameuze (joueuse de jeux vidéos - pour les vieux reptiles), du massivement multi-joueurs, qui a un impact forcené sur les acteurs du roman.

Bon, le pitch ! Jean Frédéric Serrano commande un vaisseau poubelle. Détesté de sa hiérarchie, plus motivé par la progression dans son jeu vidéo que par ses missions, il part dans un anus cosmique (trou du cul de l’espace[2]) qui a pour qualité majeure d’être extrêmement éloigné de son commandement. Là il tombe sur une amorce de conflit entre planète mère et fille dont il devrait en toute logique s’éloigner au plus vite. Un incident l’oblige à rester et de traiter avec des humanoïdes-rongeurs aux lois de l’hospitalité légèrement déviantes. Notre capitaine est-heureusement- entouré de personnages secondaires : le lieutenant Artemisia pour commencer, jeune femme expérimentant un peu rapidement et avec angoisse  la connexion neurale et Tikosh dilettante alcoolique d’une perspicacité rare (comme quoi ça ne veut rien dire…). La quasi-totalité du roman se passe dans le même système stellaire ce qui est une chose absolument rare dans ce monde de space-opera qui nous fait traverser les galaxies/dimensions/espaces virtuels, et je dois dire que c’est reposant. Le style d’Ophélie Bruneau est fluide, précis et direct, digne des grands romans populaires du XXème siècle. L’humour est omniprésent sans tomber dans le burlesque et je vais surveiller de très près cette Ophélie qui je l’espère va abandonner sa tendance à la procastination pour le travail acharné devant son clavier[3].



[1] Note de la rédaction
[2] NDLR
[3] C’est le problème des blogs. Ils deviennent parfois indiscrets lorsque l’on devient une célébrité !

jeudi 24 octobre 2011 Tyrannosaurus Imperium vadrouille sur Verfébro.

Quand la vieille bête écailleuse sort de son antre, ce n'est pas forcément bon signe. Mais il a accepté la proposition de Jean-Hugues Villacampa (que le Docteur Dexter Ward le soigne de son AAA) de chroniquer de temps à autre sur notre site quelques échantillons de ses nombreuses lectures.
Aujourd’hui, je me suis réveillé grognon. Non pas que les noirs tombent les blancs, ça arrivent souvent aux échecs, mais j’ai rêvé que des tyrans se faisaient sortir de leurs trônes dorés au pétrole par des coalitions d’humains idéalistes alors que comme à l’habitude, des barbares tuent d’autres barbares. Je me retiendrais pas je dégraderai  leur note.
Du coup, je suis allé me taper une brochette de traders agrémentés de provocateurs intégristes, ça m’a soulagé.
En parlant de dévorer, je me suis lu une réédition réécrite du petit Laurent Genefort chez Critic (encore eux…). Il faut savoir que Genefort est une découverte de Serge Brussolo ce qui ne gâche pas la bête ! D’ailleurs en parlant de ça, il faut savoir que Genefort a été un collaborateur de Stéphane Marsan, genre directeur de collection, surement à l’époque où Bragelonne se piquait d’entretenir des danseuses en science-fiction, genre qui ne satisfaisait pas le modèle économique de la maison d’édition orienté plutôt fantasy et Bit-lit. Ceci dit je ne vais pas cracher dans la soupe (quoique ça la pimenterait), car Marsan et consort nous ont quand même fait quelques très belles rééditions de textes disparus à tort. Ne citons que Verlanger. Il paraitrait (conditionnel) que des œuvres SF de Brussolo seraient en passe d’être rééditées (ou éditées) chez Bragelonne. Supposons qu’il s’agit d’un coup de Laurent Genefort , et félicitons nous de cette très bonne nouvelle.
« Le sang des immortels » est paru dans la collection SF du Fleuve noir N°10 en 1997 (la collection a fait long feu) dans une couverture hideuse que je ne résiste pas à vous exposer !
Le roman vient donc de ressortir et je l’ai relu. La couverture est beaucoup plus belle et nos amis de Critic ont utilisé un pelliculage qui donne à l’ouvrage une douceur étonnante (proche de la peau humaine… On devrait rééditer le Nécronomicon avec ce truc !). Bon faut dire du coup que le roman est trois fois plus cher qu’à l’époque.
Je ne sais pas vous (enfin si ! Je sais ! Vous êtes trop jeunes…) mais pour ma part j’ai un souvenir ému de lectures des premiers Peter Randa (parus chez Anticipation au Fleuve Noir). Du pur space-opera populaire (NON, ce n’est pas un gros mot) qui en deux soirées de lectures vous amenait au pinacle du roman d’aventures, peuplés d’extra-terrestres déroutants, de scène d’actions, d’armements étranges, d’intrigues alambiquées. Certes, la science-fiction a beaucoup évolué ces cinquante dernières années et c’est tant mieux, en même temps, une balade aventureuse de temps à autre n’est pas faite pour me déplaire.
C’est le cas du roman de Genefort. Le pitch est simple, une bande hétéroclite : une anthropologue mystérieuse, un prêtre allumé (au cas où il y en ait d’autres…), un mercenaire très équipé, et un chasseur milliardaire débarquent sur Verfébro pour trouver une créature légendaire, le Drac dont l’absorption du sang rend immortel. Pour trouver la bête, le joyeux quatuor recrute un guide autochtone qui n’est autre que le héros de l’histoire. Le truc sur Verfébro, c’est que la planète est essentiellement aquatique et recouverte d’une flore dense peuplée d’une faune… déroutante. Des autochtones vivent dans d’immense radeau qui parcourent la canopée, des rebelles tentent de chasser les vilains colonialistes (il y en a d’autres) qui ne pensent qu’à déforester et les groupes de chasseurs de dracs. Bref il ya de quoi s’occuper. On sent que Genefort maitrise parfaitement le concept « jungle aventure », ses personnages paraissent parfois superficiels mais les trames sont parfaitement maitrisées et nous embarquent sans coup férir vers un dénouement juste ce qu’il faut de déroutant. J’ai beaucoup apprécié le mercenaire pragmatique en diable et qui est certainement le plus logique des membres de ce groupe hétérogène. Son équipement est une mine d’inspiration pour les rolistes. Les descriptions « forestières » sont vraiment superbes et donnent des envies de (dangereuses) promenades. Le Drac (il existe oui) a un système de pensée alternatif qui aurait presque pu être développé. Le tout est pimenté de petits à-cotés épicés du genre des papillons modifiés génétiquement afin que sur leurs ailes apparaissent un message de revendication rebelle. Bref un roman réussi qui ouvre une nouvelle collection chez Critic après Fantasy et Thriller.
 Tyranosaurus Imperium