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Michael Connelly et la fiction judiciaire ? : il sait le faire et bien !

N°20

Je suis un grand admirateur de Michael Connelly et plus spécialement de son héros Harry Bosch. Si il est vrai que ses romans sont inégaux, la plupart restent des pièces d’anthologie et le flic tourmenté (à tous les niveaux) de Los Angeles m’a fait passer des moments inoubliables. Terry Mc Caleb, le héros de « Créance de sang » et de deux romans ensuite (dont un à titre posthume où Bosch reprend une de ses enquêtes) m’avait laissé sur sa faim. Il n’en est rien de « La défense Lincoln »

Le titre peut paraître énigmatique et pour cause. Le titre américain est : « Lincoln lawyer » soit approximativement « l’avocat à la Lincoln ». Bon OK, c’est moche mais ça donne du sens…

Mike Haller est l’avocat des dealers, bikers, chauffards et autres criminels de moyenne envergure.  Son truc c’est de traiter au mieux et au plus vite ces « petites » affaires, profitant au mieux des (petites ?) faiblesses du système juridique américain afin de s’en sortir au mieux pour ses clients qui dans l’ensemble s’y retrouvent. Autant dire que l’aura de cet avocat n’est pas au plus pure dans les milieux judiciaires. Impressionnant par une organisation minutieuse de son travail, la qualité de ses relations et une vive intelligence, le personnage nous apparait rapidement comme sympathique. D’ailleurs ses amis, collaborateurs et ex-femme sont des témoins privilégiés de la qualité humaine de cet homme qui défend non pas l’indéfendable mais les indéfendus. Toujours un peu juste financièrement c’est avec esprit de lucre qu’il accepte la, très bien payée, mission de défendre Louis Roulet accusé d’avoir roué de coups une femme aux mœurs légères. Bien mal lui en prend, l’affaire est bien entendu bien plus complexe qu’elle en a l’air et Mike va mettre en danger la vie de ses proches et la sienne pris dans une spirale cornélienne où il sera lui-même la victime d’une enquête policière en lien direct avec son affaire. Le pauvre Harry Bosch s’est déjà retrouvé dans des situations complexes, mais celle dans laquelle s’est engouffré son demi-frère (et oui !) parait complètement inextricable. Seule une vive intelligence et une organisation hyper carrée pourrait le sortir d’affaire…

Michael Connelly a été chroniqueur judiciaire et ça se voit. L’ « étrangeté » du système judiciaire américain n’est pas un problème pour la lecture tant le talent de l’auteur nous le rend simple par un énoncé parfaitement maitrisé des situations. Quand au complot, l’intelligence est là et ce n’est pas le premier écrivain de polar de L.A. à surmonter aussi majestueusement le sujet.

Je ne résiste pas de finir ma comparaison avec le roman de Manchette (voir « Le bouquiniste a lu N°19) deux excellents romans policiers que tout oppose : le style, l’action, le volume, le pays, l’intrigue, le moteur de l’intrigue. C’est dans la diversité que naît le plaisir…

« L’affaire Lincoln » Michael Connelly. Le Seuil. Points policier
Neuf 20 (Seuil)/8 euros (Points)  (3/6 € chez tout bon bouquiniste ! )
Intelligence : ***
Description : ***
Action : **
Humour : *
Amour : *
Violence : *
Sexe : 0

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